samedi 18 avril 2009

2232 - les forteresses flottantes

... il n'y a rien de surprenant à ce que l'Artillerie se soit imposée dans les marines du monde entier dès son apparition : lui-même porté par l'élément liquide, le navire de guerre est en effet bien plus apte à transporter de lourds canons sur une grande distance qu'un quelconque attelage de chevaux ou de boeufs ahanant sur des prairies boueuses.

Mais la propulsion à la voile et la construction en bois interdisant la fabrication de navires de grandes dimensions, seuls capables d'embarquer des canons géants mais aussi leurs boulets et charges de poudre, les marins durent longtemps se contenter, comme leurs homologues des armées de Terre, de pièces de petit et moyen calibre.

L'auraient-ils voulu que l'imprécision des canons géants, ainsi que leur cadence de tir ridicule (moins d'un coup... par heure !) condamnaient par avance toute idée de combat naval mené avec de pareilles armes.

Pour se consoler, les marins pouvaient en revanche multiplier le nombre de canons traditionnels... du moins autant que le permettaient la taille du navire et la résistance des ponts.

A Trafalgar (1805), et bien qu'il soit loin d'être le plus puissant vaisseau du moment, le Victory de Lord Nelson aligne ainsi 30 canons de 32 livres, 28 canons de 24 livres, 30 canons de 12 livres, 12 canons de 6 livres, 2 caronades de 68 livres et 2 caronades de 12 livres, soit la bagatelle de 104 canons, dont les plus lourds avouent plus de trois tonnes et sont capables d'expédier des boulets de 15 kilos à près de deux kilomètres.

La concentration d'une telle quantité de canons sur une si petite surface (le Victory ne jauge que 3 600 tonnes pour une longueur inférieure à 60 mètres) ne doit cependant pas faire illusion : sur ces bâtiments non stabilisés et dotés de canons qui doivent encore se recharger par la bouche, le tir est si lent et si imprécis qu'il faut en vérité de fort nombreux canons pour espérer arriver à un résultat.

Les choses vont pourtant bientôt changer...

2 commentaires:

Anonyme a dit...

Bonjour!
Le plus délirant dans les anciens navires de guerre avec canons aux sabords est la surpopulation des entreponts : il y a moins de 2 mètres entre chaque canon et chaque canon est servi par une équipe de dix hommes chargés d'écouvilloner , bourrer , manoeuvrer les palans de pointage (en latéral) servir les boulets, caler la hausse (à l'aide d'un coin triagulaire enfoncé au maillet entre le fût et l'affut en bois), embraquer les palans pour remettre le canon en batterie après le recul plus une armée de mousses qui courent comme des rats empouisonnés pour ramener les gargousses de poudre depuis la sainte barbe (la soute aux poundres, bien planquée au fond du navire.
Avec celà le bruit des coups de départ , les impacts dans la muraille de bois (avec des éclats meurtriers, c'est comme çà que Nelson est devenu borgne)...une vraie vision de l'enfer de dante

Anonyme a dit...

Pour être complet , il a existé aux temps de la marine en bois et à voile des navires avec un ou deux gros canons (des mortiers à tir courbe pour attaquer les ports) et lançant des charges explosives ou incendiaires : c'étaient les galiotes à bombes ou bombardes.

Pour encaisser le recul du canon la charpente était énormément renforcée et c'est pour celà que l'amirauté anglaise a utilisé des galiotes à bombes modifiées (l'ERebus et la Terror) pour la très malheureuse expédition Franklin vers le passage du Nord-Ouest (juste après les guerres napoléoniennes). On espérait (à tort) que cette structure renforcée pourrait résister à la pressiond'écrasementde la banquise polaire