vendredi 17 avril 2009

2231 - de la Terre à la Lune

... de la chute de Constantinople (1453) à celle de Sébastopol (1942), de la Grande Bombarde turque du Sultan Mehmet II au canon Dora du Führer Adolf Hitler, près de cinq siècles vont s'écouler, au cours desquels les populations, les États-majors et les autocrates de tous bords ne cesseront de fantasmer sur des canons géants à l'efficacité au mieux discutable, au pire carrément ridicule.

Mais c'est le 19ème siècle, et la Révolution industrielle, qui vont véritablement propulser ces monstres vers des sommets vertigineux.

En ce siècle des aciéries et de la machine à vapeur, chaque nouveau record n'est là que pour être battu, ou plutôt ridiculisé, par un autre. En 1862, lors du siège de Petersburg , les Nordistes utilisent un énorme mortier de 13 pouces (330mm), affectueusement surnommé "Dictateur", et capable d'envoyer un boulet de 100 kilos à 4 kilomètres. Avec ses 8 tonnes bien tassées - qu'on ne peut d'ailleurs déplacer que par chemin de fer - l'engin fait assurément figure de monstre

Pourtant, à peine cinq ans plus tard, lors de l'Exposition Universelle de Paris, le canon géant de Krupp le ravale au niveau d'un nain de jardin. Sur son stand, spécialement construit pour l'occasion, la bête affiche en effet ses 50 tonnes et un calibre de 14 pouces (356mm), qui lui permettent d'expédier un obus d'une demi-tonne à plus de 10 kilomètres.

Moins de trente ans plus tard, une autre Exposition Universelle, celle de Chicago (1893), permet à cette même famille Krupp de ridiculiser le malheureux "Dictateur" : le mortier présenté affiche en effet 122 tonnes sur la bascule, et un tube de 420mm capable d'expédier un projectile d'une tonne à près de 8 kilomètres.

On en reparlera dans quelques années, lors de l'attaque des fortifications belges de Liége ou de Namur

En attendant, plus rien ne semble impossible, pas même la Lune. En 1865, dans son roman "De la Terre à la Lune, Trajet direct en 97 heures 20 minutes", Jules Vernes n'hésite pas à imaginer un canon capable d'y expédier une capsule spatiale en forme d'obus et de la taille d'un wagon de chemin de fer. Un canon si gros, si lourd et à la puissance de recul si terrifiante, qu'on ne peut le construire et l'installer qu'à la verticale, dans le sol lui-même...

Dans le monde réel, pourtant, ces canons géants restent cependant confrontés à d'insondables problèmes de coûts, de mise au point, de fabrication, et surtout de transport et de mise en œuvre jusqu'au lieu choisi pour la bataille.

Des problèmes dont les artilleurs, toujours aussi optimistes, pensent néanmoins pouvoir s'affranchir, grâce au cuirassé d'une part, au chemin de fer d'autre part...

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