... en 1453, c'est moins les murailles de Constantinople que le mur des rendements décroissants qu'affronta le canon géant du Sultan Mehmet IIA aucun moment, la Grande Bombarde turque ne démontra une supériorité décisive sur ses congénères plus modestes qui, comme elle, martelaient la malheureuse cité byzantine.
En projetant des boulets de 700 kilos, elle frappait certes plus fort que ces dernières, mais cet avantage de puissance ne justifiait en aucune manière la véritable orgie de moyens financiers, humains et matériels qu'exigeaient la construction, le transport et la mise en œuvre de cette arme de 18 tonnes.
En projetant des boulets de 700 kilos, elle frappait certes plus fort que ces dernières, mais cet avantage de puissance ne justifiait en aucune manière la véritable orgie de moyens financiers, humains et matériels qu'exigeaient la construction, le transport et la mise en œuvre de cette arme de 18 tonnes.
Dans les siècles ultérieurs, ce seront d'ailleurs les pièces de petit et moyen calibre, et elles seules, qui mèneront, et gagneront les guerres, tandis que les pièces géantes ne cesseront au contraire de décevoir leurs supporters. Pourtant, paradoxalement, les populations, les États-majors, et les autocrates, continueront à ne jurer que par les secondes, comme s'ils voulaient, par ces symboles de puissance par excellence, proclamer leur propre virilité à la face du monde, des autres peuples, et des rivaux.
En 1586, le Tsar Feodor, fils dégénéré du légendaire Ivan Le Terrible, fait ainsi réaliser le plus gros obusier du monde - Tsar Pushka - "le canon du Tsar" - un monstre de 38 tonnes en calibre 890mm, dont on ne sait trop s'il a jamais tiré un seul coup. Totalement inutile, Tsar Pushka sombre ensuite dans l'oubli pendant plus de deux siècles.
En 1812, son affût, par ailleurs bien trop petit pour lui, est brûlé par les troupes de Napoléon, qui pénètrent dans Moscou avec des canons aux dimensions bien plus modestes.
En 1835, la bête est redéposée sur un nouvel affût tout aussi ridicule que le précédent, et exposée devant le Kremlin en compagnie de boulets forgés pour l'occasion,... mais d'un diamètre supérieur au calibre de cette arme d'opérette, par ailleurs conçue pour ne tirer que de la mitraille (!)
En 1812, son affût, par ailleurs bien trop petit pour lui, est brûlé par les troupes de Napoléon, qui pénètrent dans Moscou avec des canons aux dimensions bien plus modestes.En 1835, la bête est redéposée sur un nouvel affût tout aussi ridicule que le précédent, et exposée devant le Kremlin en compagnie de boulets forgés pour l'occasion,... mais d'un diamètre supérieur au calibre de cette arme d'opérette, par ailleurs conçue pour ne tirer que de la mitraille (!)
Les Moscovites, et les nombreux touristes, peuvent encore l'y admirer aujourd'hui,... non loin d'un autre chef d'œuvre d'inutilité et de gigantisme russe : la Tsar Kolokol, plus grosse cloche du monde (160 tonnes) commandée en 1733 par la Tsarine Anne mais qui, comme le canon, n'a jamais servi.En 1961, les mêmes causes produisant toujours les mêmes effets, les Russes, engagés contre les États-Unis dans la course à la Bombe H, décideront, après le plus gros obusier et la plus grosse cloche du monde, de se lancer dans la construction de la plus grosse bombe à hydrogène du monde - Tsar Bomba - un autre monstre de 27 tonnes et d'une puissance nominale théorique de 100 mégatonnes de TNT
Mais ceci est une autre histoire...
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