... une fois la nouvelle arme apparue, une fois sa supériorité démontrée, ceux qui en subissent ou sont susceptibles d'en subir les effets cherchent naturellement à s'en protéger par tous les moyens possibles et imaginables, que ce soit en la copiant pour leur propre usage ou en imaginant toutes sortes de parades, du bouclier de cuir au bouclier anti-missiles, en passant par l'armure ou la prise d'otages.
Copies et parades vont alors, tout aussi naturellement, provoquer une nouvelle course aux armements, où chaque camp va tour à tour s'efforcer d'améliorer les performances de cette arme ainsi que les moyens de s'en prémunir, le tout selon l'éternelle logique guerrière qui pousse à infliger à l'autre les blessures et dommages qu'on ne veut pas se voir infliger par lui.
Mais, sans qu'on s'en rende compte, cet accroissement de performances porte une étrange maladie en son sein : la Loi des rendements décroissants, laquelle soutient que les avantages liés à chaque nouvelle amélioration augmentent moins rapidement que les inconvénients, en sorte que l'on se retrouve toujours à dépenser de plus en plus d'énergie et d'argent pour de moins en moins de résultats.
Dans l’Antiquité déjà, la recherche d’arcs plus puissants, donc capables de frapper plus loin et plus fort, avait fini par aboutir à la création d'arcs démesurés et trop pénibles à bander pour un homme doté d’une musculature simplement normale.
Avec ses 60 cm de long et ses modestes 800 grammes, une épée comme le glaive romain, raisonnablement maniable et efficace au combat, allait elle aussi se retrouver développée au-delà du raisonnable, au point de déboucher, au 15éme siècle, sur le monstrueux espadon de la taille d'un homme, et d'un poids pouvant atteindre les 4 kilos, lequel avait cependant bien davantage sa place dans une vitrine - en attendant de futurs rôles à Hollywood et dans les épisodes de Donjons et Dragons - que sur un quelconque champ de bataille, tant il s'avérait difficile à manier...
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