... la Bataille de Normandie, ce fut un peu la fable du Sherman et du Panther (soit des deux meilleurs tanks de leur patrie respective), et aussi de deux conceptions différentes de faire la guerre.
Supérieur en puissance de feu comme en blindage, le Panther aurait logiquement dû s'imposer, mais il fut pourtant vaincu, tout comme le fut le reste de l'armée allemande, pourtant globalement plus aguerrie, mieux entraînée et mieux commandée.
Certes, la plupart des Panther détruits, et des fantassins allemands tués, ne le furent pas par les obus des Sherman ni les balles des GI's, mais bien par les bombes et les roquettes d'une aviation alliée qui pouvait opérer en toute impunité, et contre laquelle ni le blindage du tank ni le talent ou le courage personnel du combattant ne pouvaient rien.
En combat singulier, a-t-on coutume de faire observer, le Panther et le soldat allemand l'emportaient presque toujours sur le Sherman et le soldat américain et, plus généralement, sur n'importe quel tank ou soldat allié.
La guerre n'est cependant pas un combat singulier, mais un combat d'équipe, donc de logistique ainsi que d'exploitation des moyens dont on dispose, et du terrain sur lequel on évolue.
Tant que la lutte se limita à une guerre de positions, tant qu'elle fut menée sur un Front statique, c-à-d en gros jusqu'à la fin juillet 1944, chars Panther et soldats allemands, intelligemment camouflés dans le bocage, purent infliger de sévères pertes aux Sherman et aux soldats alliés, même lorsque ces derniers disposaient de l'avantage du nombre.
Mais une fois le Front percé, et la guerre devenue mobile, les uns et les autres durent s'incliner devant des adversaires à la fois plus rapides et plus nombreux qu'eux.
Trop lourds, trop lents, trop difficiles à entretenir, et mécaniquement trop fragiles, les Panther - et plus encore les Tiger - furent alors débordés et asphyxiés sous le nombre, puis finalement abandonnés et incendiés par leurs propres équipages, qui ne disposaient plus d'assez d'essence pour les faire avancer, ni du temps et des pièces de rechange nécessaires pour les réparer.
Ainsi en fut-il également de l'Infanterie allemande qui, faute d'effectifs, de camions et, là encore, d'essence en suffisance, fut d'abord incapable de contrer une offensive alliée bien trop rapide pour elle, puis finalement contrainte de retraiter, en abandonnant derrière elle la quasi-totalité de son matériel, devenu impossible à transporter.
Le paradoxe de la Wehrmacht en Normandie, c'est d'avoir été la victime d'un concept - la Blitzkrieg, la "guerre-éclair" - qu'elle avait elle-même inventé cinq ans plus tôt, mais dans lequel elle était désormais irrémédiablement surclassée...
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