mardi 31 mars 2009

2214 - victoire ou demi-défaite ?

... en cherchant à minimiser les pertes dans leurs propres rangs lors de la Bataille de Falaise, et en laissant par conséquent s'échapper une bonne partie de l'Infanterie allemande, les Alliés ont-ils réellement prolongé la guerre de plusieurs mois, et se sont-ils dès lors condamnés à perdre bien davantage de soldats ?

Beaucoup d'historiens ont fait remarquer que la résistance inattendue de la Wehrmacht à partir de l'automne, en particulier à Arnhem, suivie de la tout aussi inattendue contre-offensive des Ardennes, au début de l'hiver, s'expliquaient par le fait qu'en la laissant s'échapper de Normandie sans trop de casse, les Alliés lui avaient ainsi offert l'opportunité de se réorganiser et de se rééquiper pour les combats ultérieurs.

Bien que très pertinente, cette analyse fait cependant l'impasse sur ce qui, résistance allemande ou pas, allait vite devenir le problème principal des Alliés : le ravitaillement, et en particulier le ravitaillement en essence.

Tant que le Front était resté immobile et cantonné à une guerre de positions, les armées alliées s'étaient montrées remarquablement frugales et l'Intendance, bien que ne disposant pas d'infrastructures portuaires en suffisance, s'était révélée en mesure de remplacer tanks, véhicules et matériels détruits, ainsi que de fournir rations alimentaires pour les soldats, obus pour les canons, et essence pour les moteurs.

Mais la percée des Américains lors de Cobra, rapidement suivie par la progression fulgurante de l'ensemble des armées alliées, allaient bouleverser cet équilibre.

[Début août] "Les forces américaines disposaient de 9 jours d'avance pour les munitions, de 16 jours pour l'essence. (...) A J+98 (12 septembre 1944), les armées atteignaient en effet une ligne qu'elles auraient dû atteindre à J+350. 260 jours de campagne avaient ainsi été concentrés en 19. Cette avance frénétique accrut la consommation des unités. La 1ère Armée américaine brûla à elle seule, le 24 août, 3 552 626 litres de carburant et, à la fin août, les réserves étaient à sec. La 1ère Armée ne disposait que de 0.31 jour pour l'essence, la 3ème de 0.007 jour" (1)

A la consternation de l'État-major et des soldats alliés, ce serait à présent la logistique qui, jusqu'en janvier de l'année suivant, allait dicter sa loi, tout comme elle l'avait dictée aux Allemands tout au long de la Bataille de Normandie...

(1) Wievioka, page 345

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