... Dans les guerres modernes, succès et défaites dépendent bien moins du talent des chefs et du courage des soldats que de la logistique, et particulièrement de l'essence, qui leur permet de continuer à combattre.
Avant le Débarquement, et en prévision de celui-ci, la Wehrmacht et la Luftwaffe avaient naturellement constitué d'importants stocks de vivres, de munitions et d'essence, lesquels leur avaient permis de tenir le choc, et le Front, en ne concédant qu'un minimum de terrain.
Mais le Front réclamait l'équivalant de 36 trains de marchandises par jour lesquels, du fait des sabotages et de l'action des chasseurs-bombardiers alliés, passèrent à seulement 9 par jour en moyenne à compter du 10 juin.
Il fallut donc piocher dans les réserves qui, à la mi-juillet, étaient dramatiquement basses et ne permettaient plus aux blindés que de parcourir quelques dizaines de kilomètres.
Si le Front, comme c'était craindre, venait à céder à un seul endroit, et si la guerre de positions cédait ainsi la place à une guerre de mouvements - comme le voulaient les Américains - les Allemands ne disposeraient plus d'assez de carburant pour acheminer les renforts destinés à y faire face et n'auraient alors d'autre choix que de battre en retraite... à pieds, faute d'essence en suffisance pour les camions et les Panzers
Nonobstant, et même lorsqu'ils ne partageaient pas l'idéologie du régime, les défections étaient rares et les soldats, vétérans comme adolescents, continuaient à se battre avec acharnement, d'abord parce qu'ils considéraient, à la différence des soldats américains, que la survie de leur pays en dépendait, ensuite parce qu'ils savaient que leur armée, à la différence de l'armée américaine, traitait fort mal les déserteurs et autres victimes de"psychonévroses" : entre janvier et septembre 1944, sur l'ensemble de ses Fronts, la Wehrmacht avait ainsi exécuté la bagatelle de 4 000 hommes, dont près de la moitié pour désertion (1)...
(1) à titre de comparaison, depuis la fin de la Guerre de sécession, en 1865, l'Armée américaine n'a exécuté qu'un seul soldat pour ce motif - Eddie Slovik - fusillé le 31 janvier 1945.
Aucun commentaire:
Publier un commentaire