vendredi 6 mars 2009

2189 - le bilan allemand

... En cette fin de juillet 1944, la Bataille de Normandie se résume, du point de vue allemand, à la situation d'un plombier qui, confronté à l'effritement d'un barrage, se voit contraint, pour boucher les fuites, de placer une main, puis, les deux, puis un pied, puis l'ensemble de ses membres, jusqu'à ce que toute la muraille s'effondre et qu'il se retrouve emporté avec elle.

Depuis le début du mois de juillet, les Allemands - et particulièrement leurs divisions de Panzers - bien que trop peu nombreux pour réussir à rejeter les Alliés à la mer, ont en revanche été en mesure de freiner la progression de ceux-ci, et singulièrement celle des Anglo-Canadiens.

Mais cette performance impose l'envoi continuel vers la Normandie d'unités supplémentaires qui, à l'instar des 9ème et 10ème Panzers-SS, doivent souvent être prélevées à l'Est, laissant dès lors ce Front à la merci des Russes, lesquels en profitent naturellement pour tout bousculer sur leur passage et progresser à marche forcée vers les frontières orientales du Reich.

Du fait de la suprématie aérienne alliée, et des différentes actions de sabotage et de harcèlement menées par la Résistance, les dits renforts mettent de surcroît de fort longs jours pour arriver sur place (1), y arrivent en ordre dispersé, et y arrivent après avoir laissé nombre de soldats et de véhicules morts ou calcinés sur le bord des routes.

Bien que souvent infructueuses sur le strict plan des résultats, les différentes attaques alliés prélèvent également leur tribut. Dans un mémorandum rédigé peu de temps avant sa mise à l'écart suite à uneattaque aérienne, Rommel souligne ainsi que : "Sur le Front de Normandie, la situation ne cesse d'empirer et le dénouement approche(...) En regard des pertes que nous avons subies : 97 000 hommes dont2 360 officiers, soit 2 500 à 3 000 hommes par jour, les renforts reçus jusqu'à ce jour ne sont que de 10 000 hommes dont 6 000 seulement sont actuellement parvenus sur la ligne de feu. Nos pertes en matériel sont immenses et n'ont été compensés que dans une proportion réduite; par exemple, nous avons reçu 17 chars en tout pour remplacer les 225 chars perdus" (2)

Le plus préoccupant, néanmoins, est ailleurs...

(1) parties de Pologne le 12 juin, les 9ème et 10ème Panzers-SS mirent13 jours pour franchir 1 700 kilomètres
(2) ibid, page 281

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