samedi 3 janvier 2009

2127 - Transportation Plan

... pour détruire les lignes de communication allemandes, l'idéal serait évidemment de les bombarder des semaines avant le Débarquement.

Mais, comme nous l'avons vu, il a d'abord fallu vaincre l'hostilité de Carl Spaatz et d'Arthur Harris - patrons de la 8ème Air Force et duBomber Command - qui n'entendaient pas se priver d'un seul de leurs précieux bombardiers au profit d'un pont, d'un carrefour routier ou d'une gare de triage.

Dans le cadre du "Transportation Plan", les frappes tactiques n'ont donc débuté qu'en mars 1944. Mais bien qu'efficaces, elles ont très rapidement révélé deux graves défauts.

Le premier est évidemment d'avoir attiré l'attention des Allemands, qui ont cherché à déduire le lieu du futur Débarquement d'après la localisation des cibles bombardées. Le 10 mai, il a donc fallu interrompre les frappes sur la côte normande, entre Cherbourg et Le Havre, pour ne les reprendre que dans la Région du Pas-de-Calais.

Peut-être plus préoccupantes sont les pertes - qu'on appellerait aujourd'hui "dommages collatéraux" - que ces bombardements ont provoqué parmi la population civile française. Début avril, le War Department britannique a d'ailleurs tiré la sonnette d'alarme : compte tenu de la précision très relative des bombardements, et de la proximité des habitations avec les cibles visées, on peut s'attendre à plus de 100 000 morts civils,... que les propagandes de Vichy et de Berlin ne manqueront évidemment pas d'exploiter.

Si les bombardements se révèlent meurtriers, quelle sera la réaction de la population française, dont une bonne partie est encore fidèle à Pétain ? Lorsque les soldats anglo-américains débarqueront sur le rivage, ne vont-ils pas d'être accueillis avec des pierres plutôt qu'avec des fleurs ? Et même si l'Allemagne est finalement vaincue, la France ne risque-t-elle pas, après-guerre, de nourrir un ressentiment durable à l'égard de ces libérateurs ?

D'un autre côté, afin de sauver la vie des civils français, le commandement militaire anglo-américain doit-il s'abstenir de bombarder les gares de triage et les ponts par où passeront les renforts allemands, qui pourront ainsi tuer un plus grand nombre de militaires anglais et américains ?

L'affaire n'est pas simple et va, là encore, contraindre à de difficiles arbitrages : la volonté de Churchill de ne pas dépasser le chiffre symbolique des "10 000 morts" contraignant par exemple à renoncer à de nombreux bombardements pourtant justifiés sur le plan militaire...

1 commentaire:

Anonyme a dit...

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