2122 - mon royaume pour une péniche

... s'ils ne peuvent augmenter comme ils le voudraient la production de navires de débarquement, les planificateurs d'Overlord peuvent néanmoins jouer sur le plan de charge des bâtiments dont ils disposent : les premières vagues d'assaut embarqueront donc plus d'hommes et moins de tanks et de véhicules qu'initialement prévu.

Une autre variable, à nombreuses inconnues, est la survivabilité des navires eux-mêmes : sur 100 navires participant au premier assaut, combien pourront échapper aux accidents, naufrages et tirs ennemis, et donc combien y en aura-t-il qui pourront être rechargés et participer à l'assaut suivant ?

En août 1943, les Britanniques tablaient sur des pertes allant jusqu'à 50 % en matière de Landing Craft (!), ce qui, naturellement, imposait de les construire en quantités vertigineuses si l'on voulait être en mesure d'acheminer hommes et matériels à bon port. Plus optimistes, les Américains pariaient en revanche sur 10 % de pertes, ce qui réduisait considérablement le nombre de navires à construire.

On pouvait aussi, dans une certaine mesure, récupérer pour la Normandie une partie des navires prévus pour le Pacifique et l'Italie, ou encore reporter de quelques semaines - nous y reviendrons - le débarquement prévu en Provence, ce qui allait permettre de disposer d'une soixantaine de bâtiments supplémentaires.

Cependant, malgré les records de productivité, malgré les arbitrages en matière de main d'oeuvre et d'acier, malgré les transferts entre les différents Fronts, malgré de multiples révisions dans les plans de charge ou les prévisions de pertes, on manquait toujours de navires, ce qui contraignit finalement Eisenhower à une décision spectaculaire : repousser d'un mois le débarquement prévu pour le 1er mai 1944, ce qui permettrait de bénéficier ainsi d'un mois de production supplémentaire...