vendredi 26 décembre 2008

2119 - Fortitude

... grâce aux effets conjugués de la propagande, de la censure et des services de sécurité, les fuites demeurent rares.

Lorsqu'elles surviennent malgré tout, l'insularité de la Grande-Bretagne les empêche généralement de parvenir aux oreilles des Allemands. Mais à supposer-même qu'elles leur parviennent, ces derniers n'ont pas la moindre idée du crédit qu'il convient de leur accorder.

Car le génie des services secrets britanniques, c'est d'émettre de fausses informations si nombreuses qu'elles ne pourront que noyer les vraies, et amener les Allemands à douter de l'évidence elle-même.

Bien que son nom soit largement passé à l'Histoire, "Fortitude" s'inscrit en réalité dans un plan bien plus vaste, que l'on a baptisé "Bodyguard" (garde du corps), en raison de la maxime de Churchill selon laquelle la Vérité est si précieuse qu'elle doit être protégée en permanence par de fort nombreux mensonges.

Lorsque les Britanniques présentent Bodyguard aux Américains, fin décembre 1943, ceux-ci se montrent pour le moins réservés, mais ils finissent néanmoins à s'y rallier, ne serait-ce qu'en raison de sa promesse de sauver la vie de nombreux soldats alliés.

Bodyguard, donc, désigne un ensemble d'opérations d'intoxication, visant à faire croire aux Allemands que les Alliés vont débarquer à un endroit, à un autre moment et avec d'autres forces que celles qui doivent être jetées face aux côtes normandes le 1er mai 1944.

Fortitude North veut ainsi accréditer le débarquement de 400 000 hommes à Stavanger (Norvège) le 1er mai 1944, et Fortitude South, un autre débarquement, de près d'un million d'hommes, dans le Pas-de-Calais, à la fin juillet.

Dans les deux cas, on va donc multiplier de faux échanges radio, installer de faux canons en bois et de faux tanks en caoutchouc, et bâtir, en bois et en carton, de faux baraquements, de faux hôpitaux et de faux entrepôts destinés à ces centaines de milliers de faux soldats.

Pour Fortitude South, on va même jusqu'à mobiliser le vrai général Patton, toujours en disgrâce depuis l'affaire de la gifle, et le prier de prendre la tête de cette fausse armée...

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