jeudi 25 décembre 2008

2118 - colmater les fuites

... En vérité, ce sont pas tellement les espions ou les avions de reconnaissance allemands qui menacent les secrets d'Overlord, mais tout bonnement tous ceux qui, de près ou de loin, travaillent sur cette opération.

En raison de sa complexité et de son gigantisme, Overlord mobilise en effet des milliers de personnes ayant accès à des informations "sensibles", c-à-d des milliers d'être humains ordinaires qui risquent à tout moment, par simple négligence, ou au détour de quelques bières, d'en compromettre la sécurité, d'où les constants appels de la propagande à se montrer discret, à ne parler à personne - si ce n'est de la pluie et du beau temps - ou encore à dénoncer tout individu ou agissement suspect.

Heureusement, l'Angleterre est une île, ce qui simplifie tout de même le travail du contre-espionnage, des services de sécurité,... et de la censure.

Et la censure, parlons-en : en cette époque bénie qui ne connaît ni la télévision ni le téléphone satellite, la seule manière de communiquer avec l'extérieur, par exemple avec sa femme ou sa petite amie habitant le Nevada, est d'écrire une lettre qui sera obligatoirement lue, voire réécrite, par l'un ou l'autre des centaines de censeurs affectés à cette tâche. Mais les censeurs épluchent également la Presse, à la recherche de la moindre information susceptible d'être utilisée par les Allemands

De même, et toujours pour limiter les fuites, les milliers d'ouvriers affectés à la construction des caissons Phoenix n'ont aucune idée de ce à quoi ils pourront bien servir. Quant aux commandos, ils s'entraînent à leurs futures missions avec des maquettes et des plans où ne figurent aucun nom de lieu ni le moindre indice qui leur permettrait de se repérer

Impossible cependant de garantir une sécurité à 100 %. A différents moments, des fuites plus ou moins importantes se produisent. Ainsi, en mars 1944, un soldat américain d'origine allemande, affecté au courrier d'Overlord, inscrit par inadvertance l'adresse de sa soeur, habitant Chicago, sur un colis de documents secrets destinés au War Department, à Washington. En avril, c'est un général américain ivre mort qui, dans un restaurant, est surpris en train de révéler la date du Débarquement à une simple infirmière. Début juin, c'est une télétypiste de l'Associated Press qui, alors qu'elle répète pour la énième fois la procédure prévue pour le Jour J, expédie par erreur la nouvelle du Débarquement sur le réseau, forçant l'Associated Press à publier un vibrant démenti vingt minutes plus tard...

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