... parmi les innombrables difficultés et querelles de personnes auxquelles Eisenhower est confronté figure également la mise à disposition des bombardiers stratégiques.
Pour le Débarquement, "Ike" dispose certes des appareils de la Tactical Air Force britannique et de la 9ème Air Force américaine, mais ces bombardiers légers et moyens ne sont pas en mesure de frapper loin derrière la ligne de Front, ou d'emporter les grosses bombes seules capables de détruire les fortifications allemandes.
Pour cela, il faut les "heavies" - les quadrimoteurs Lancaster ou B-17 - mais le problème, c'est que ni le Britannique Arthur Harris ni - et c'est quand même un comble - l'Américain Carl Spaatz, respectivement patrons du Bomber Command et de la 8ème Air Force, ne veulent se priver d'un seul de leurs gros jouets, avec lesquels ils sont convaincus de gagner la guerre.
En leur for intérieur, les intéressés éprouvent peut-être des doutes - Henry Hartley Arnold, supérieur de Spaatz et chef d'État-major de l'USAAF, ira par exemple jusqu'à affirmer que "Nous ne sommes peut-être pas en mesure de contraindre l'Allemagne à la capitulation par des raids aériens. D'un autre côté, il me semble qu'avec cette prodigieuse puissance de feu, on devrait obtenir des résultats bien meilleurs et bien plus décisifs" (1) - mais qu'ils doutent ou non, l'un et l'autre sont bien résolus à ne pas céder aux exigences d'Eisenhower.
Sans appui parmi les siens, Spaatz est quand même contraint de s'incliner, mais Harris persiste dans son refus,... ce qu'il lui est d'autant plus facile qu'à la différence de son homologue américain, il bénéficie pour sa part d'un solide soutien politique : pour Churchill, le maintien du Bomber Command sous commandement britannique exclusif est non seulement une manière de proclamer l'Indépendance de la Grande-Bretagne à ces parvenus de Yankees, mais aussi une assurance-vie contre l'Allemagne.
Il faudra la menace de démission brandie par Eisenhower pour que Londres accepte enfin de lacher Harris, et de fournir les Lancaster et Halifax réclamés. Une acceptation néanmoins assortie d'une clause de sauvegarde, par laquelle le gouvernement britannique, Débarquement ou pas, se réserve le droit de reprendre le contrôle complet de son Aviation en cas de menace contre ses intérêts vitaux, laquelle se matérialisera bientôt, sous la forme des fusées V1 et V2...
(1) Jorg Friedrich, "L'incendie", page 132
Pour le Débarquement, "Ike" dispose certes des appareils de la Tactical Air Force britannique et de la 9ème Air Force américaine, mais ces bombardiers légers et moyens ne sont pas en mesure de frapper loin derrière la ligne de Front, ou d'emporter les grosses bombes seules capables de détruire les fortifications allemandes.
Pour cela, il faut les "heavies" - les quadrimoteurs Lancaster ou B-17 - mais le problème, c'est que ni le Britannique Arthur Harris ni - et c'est quand même un comble - l'Américain Carl Spaatz, respectivement patrons du Bomber Command et de la 8ème Air Force, ne veulent se priver d'un seul de leurs gros jouets, avec lesquels ils sont convaincus de gagner la guerre.
En leur for intérieur, les intéressés éprouvent peut-être des doutes - Henry Hartley Arnold, supérieur de Spaatz et chef d'État-major de l'USAAF, ira par exemple jusqu'à affirmer que "Nous ne sommes peut-être pas en mesure de contraindre l'Allemagne à la capitulation par des raids aériens. D'un autre côté, il me semble qu'avec cette prodigieuse puissance de feu, on devrait obtenir des résultats bien meilleurs et bien plus décisifs" (1) - mais qu'ils doutent ou non, l'un et l'autre sont bien résolus à ne pas céder aux exigences d'Eisenhower.
Sans appui parmi les siens, Spaatz est quand même contraint de s'incliner, mais Harris persiste dans son refus,... ce qu'il lui est d'autant plus facile qu'à la différence de son homologue américain, il bénéficie pour sa part d'un solide soutien politique : pour Churchill, le maintien du Bomber Command sous commandement britannique exclusif est non seulement une manière de proclamer l'Indépendance de la Grande-Bretagne à ces parvenus de Yankees, mais aussi une assurance-vie contre l'Allemagne.
Il faudra la menace de démission brandie par Eisenhower pour que Londres accepte enfin de lacher Harris, et de fournir les Lancaster et Halifax réclamés. Une acceptation néanmoins assortie d'une clause de sauvegarde, par laquelle le gouvernement britannique, Débarquement ou pas, se réserve le droit de reprendre le contrôle complet de son Aviation en cas de menace contre ses intérêts vitaux, laquelle se matérialisera bientôt, sous la forme des fusées V1 et V2...
(1) Jorg Friedrich, "L'incendie", page 132
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