... pour les généraux britanniques, la nomination d'Eisenhower à la tête du Supreme Headquarters Allied Expeditionary Force (SHAEF) est loin d'être une mauvaise nouvelle
Après avoir rédigé le brouillon du futur "mémorandum Marshall" pour un débarquement en Europe, "Ike" a également supervisé le débarquement américain en Afrique du Nord (Opération Torch), puis les campagnes de Tunisie, de Sicile et d'Italie.
Mais, tout au long de sa carrière dans les États-majors, il n'a jamais dirigé ne serait-ce qu'un bataillon sous le feu ennemi. C'est un organisateur brillant, soit, mais c'est d'abord et avant tout un logisticien et un bureaucrate, pas un chef de guerre.
Dans l'esprit des Britanniques, c'est donc l'homme idéal pour régler les problèmes d'intendance et faire de la politique, leur laissant à eux la conduite des opérations sur le terrain.
A l'usage, pourtant, l'intéressé va se révéler un partenaire beaucoup plus coriace qu'imaginé,... même s'il restera toujours beaucoup trop accommodant aux yeux des généraux américains.
En attendant, Eisenhower a du pain sur la planche. Et dans les premiers mois de 1944, ses qualités reconnues de diplomate se révèlent en vérité bien plus utiles à la cause alliées que de quelconques talents guerriers : il faut en effet menacer, cajoler, persuader ou houspiller un nombre incalculable d'officiers, de soldats, mais aussi de politiciens, d'industriels ou d'ouvriers.
Il faut coordonner l'arrivée des cargos chargés de matériel américain avec les capacités des ports et la disponibilité des trains britanniques. Il faut convaincre les amiraux de renoncer à l'achèvement de leurs nouveaux porte-avions, croiseurs ou destroyers afin de libérer la main d'oeuvre et l'acier indispensables aux navires de débarquement, et il faut inciter les ouvriers des arsenaux à travailler davantage afin de livrer les dits navires à temps.
Il faut aussi s'intéresser aux moindres détails, des horaires des marées à la dureté des sols, en passant par le temps nécessaire au chargement d'un peloton de soldats ou au déchargement d'un tank Sherman.
C'est un travail titanesque, qui nécessite les talents et compétences de toute une équipe,... dont il faut également arbitrer les querelles d'ego : théoriquement patron de l'Aviation, Leigh-Mallory est détesté par ses subordonnés, qui lui préfèrent Tedder, lequel ne s'entend pas du tout avec Montgomery qui, lui, n'a aucune envie de collaborer avec un Patton que tous ceux qui tiennent à leur carrière fuient d'ailleurs comme la peste depuis l'affaire de la gifle (1)
Et puis, il y a ce fameux, et fort fâcheux, général De Gaulle, dont Roosevelt ne veut même pas entendre parler alors que lui prétend pourtant parler au nom des Français, ces Français pour lesquels on est quand même supposé se battre mais qu'on ne parvient pas à intégrer dans les plans de bataille...
(1) Saviez-vous que... no 1898
Après avoir rédigé le brouillon du futur "mémorandum Marshall" pour un débarquement en Europe, "Ike" a également supervisé le débarquement américain en Afrique du Nord (Opération Torch), puis les campagnes de Tunisie, de Sicile et d'Italie.
Mais, tout au long de sa carrière dans les États-majors, il n'a jamais dirigé ne serait-ce qu'un bataillon sous le feu ennemi. C'est un organisateur brillant, soit, mais c'est d'abord et avant tout un logisticien et un bureaucrate, pas un chef de guerre.
Dans l'esprit des Britanniques, c'est donc l'homme idéal pour régler les problèmes d'intendance et faire de la politique, leur laissant à eux la conduite des opérations sur le terrain.
A l'usage, pourtant, l'intéressé va se révéler un partenaire beaucoup plus coriace qu'imaginé,... même s'il restera toujours beaucoup trop accommodant aux yeux des généraux américains.
En attendant, Eisenhower a du pain sur la planche. Et dans les premiers mois de 1944, ses qualités reconnues de diplomate se révèlent en vérité bien plus utiles à la cause alliées que de quelconques talents guerriers : il faut en effet menacer, cajoler, persuader ou houspiller un nombre incalculable d'officiers, de soldats, mais aussi de politiciens, d'industriels ou d'ouvriers.
Il faut coordonner l'arrivée des cargos chargés de matériel américain avec les capacités des ports et la disponibilité des trains britanniques. Il faut convaincre les amiraux de renoncer à l'achèvement de leurs nouveaux porte-avions, croiseurs ou destroyers afin de libérer la main d'oeuvre et l'acier indispensables aux navires de débarquement, et il faut inciter les ouvriers des arsenaux à travailler davantage afin de livrer les dits navires à temps.
Il faut aussi s'intéresser aux moindres détails, des horaires des marées à la dureté des sols, en passant par le temps nécessaire au chargement d'un peloton de soldats ou au déchargement d'un tank Sherman.
C'est un travail titanesque, qui nécessite les talents et compétences de toute une équipe,... dont il faut également arbitrer les querelles d'ego : théoriquement patron de l'Aviation, Leigh-Mallory est détesté par ses subordonnés, qui lui préfèrent Tedder, lequel ne s'entend pas du tout avec Montgomery qui, lui, n'a aucune envie de collaborer avec un Patton que tous ceux qui tiennent à leur carrière fuient d'ailleurs comme la peste depuis l'affaire de la gifle (1)
Et puis, il y a ce fameux, et fort fâcheux, général De Gaulle, dont Roosevelt ne veut même pas entendre parler alors que lui prétend pourtant parler au nom des Français, ces Français pour lesquels on est quand même supposé se battre mais qu'on ne parvient pas à intégrer dans les plans de bataille...
(1) Saviez-vous que... no 1898
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