mardi 2 décembre 2008

2095 - arbitrer le béton

... le régime national-socialiste vivait, comme nous l'avons vu, dans la hantise du mécontentement populaire, qui risquait de ralentir la production de guerre et de susciter des troubles sociaux, comme cela avait d'ailleurs été le cas en 1918.

Pour s'en prémunir, il fallait protéger autant que possible la population allemande des effets de la guerre. Or, parmi ces effets, il n'y avait pas que la hausse des prix ou la pénurie de divers produits : il y avait aussi les bombardements alliés.

Pour protéger la population des bombes, Hitler avait donc décrété, dès le 10 octobre 1940, la construction à travers toute l'Allemagne de gigantesques bunkers anti-aériens représentant pas moins de quatre millions de mètres cubes de béton (!)

En mai 1943, les bétonneurs du Reich en étaient déjà rendus à plus de cinq millions de mètres cubes, et n'entendaient pas s'arrêter de sitôt.

Le problème, c'est qu'en mars de l'année précédente, le Führer avait également ordonné la construction du "Mur de l'Atlantique", lequel entrait forcément en concurrence avec les bunkers civils pour ce qui était de l'attribution du béton et des ferrailles, comme des crédits ou de la main-d'oeuvre.

Il fallut donc procéder à des arbitrages qui, même s'ils furent largement favorables au Mur (qui engloutit 10 millions de mètres cubes), forcèrent tout de même à revoir les ambitions à la baisse: en 1944, les fortifications étaient loin de former une muraille continue, et manquaient totalement de profondeur.

Elles ne pouvaient donc offrir, au mieux, qu'une protection provisoire, soit le temps nécessaire à l'arrivée des renforts - et en particulier des tanks - que l'on stationnerait loin du littoral.

Une protection qui se serait tout de même avérée un peu plus efficace si les Alliés n'en avaient eu connaissance...

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