mercredi 26 novembre 2008

2089 - "Nous n'avons pas souffert de la faim pendant la guerre, tout fonctionnait ! C'est après que ça s'est dégradé"

... bien plus que par la menace implicite que faisaient régner les séides de la SS ou de la Gestapo, le Troisième Reich continuait, en ce début d'année 1944, à tenir par l'assentiment tacite de la population allemande envers un régime non seulement légal, mais qui veillait aussi à lui épargner tout effort de guerre excessif,... en plus de distribuer généreusement salaires, pensions, avantages divers et, bien entendu, produits alimentaires et bien manufacturés arrachés aux pays occupés.

Il fallut même attendre février 1945 pour voir enfin les mères berlinoises se plaindre "qu'elles ne pouvaient - pour la première fois - avoir régulièrement du lait entier" [depuis longtemps introuvable dans toute l'Europe occupée] Les femmes allemandes s'en souviennent encore, bien des années après 1945, avec des sous-entendus accusateurs : "Nous n'avons pas souffert de la faim pendant la guerre, tout fonctionnait ! C'est après que ça s'est dégradé" (1)

Et lorsque ni la menace ni les cadeaux ne suffisaient plus pour convaincre le peuple allemand de conserver la Foi envers les dirigeants du Reich et envers la victoire finale, il restait encore l'argument de ce qui l'attendait en cas de défaite... finale.

"Profitez bien de la guerre. La paix risque d'être pire" (2), soutenaient quelques Berlinois dès le printemps 1943. Et de fait, chacun avait de bonnes raisons de craindre que les innombrables atrocités dont la Wehrmacht et la SS s'était rendues coupable en Russie ne se retournent contre le peuple allemand.

"Un aubergiste de la Forêt Noire en permission du Front de l'Est déclara (...) "Si on nous fait payer le quart de ce que nous faisons en Russie et en Pologne (...), nous allons souffrir et nous mériterons de souffrir" (3)

(1) Götz Aly, "Comment Hitler a acheté les Allemands", page 176
(2) Anthony Beevor, Stalingrad, pages 534-535
(3) ibid, page 535

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