dimanche 23 novembre 2008

2086 - ségrégation

... Alors que les Noirs représentent 10 % de la population américaine de 1940, ils constituent moins de 2 % des effectifs militaires.

Si la guerre, et les pressions politiques, contraignent rapidement le Pentagone à incorporer également des Noirs pour la grande "Croisade en Europe", ceux-ci restent néanmoins cantonnés à des tâches subalternes.

A cet égard, la célèbre escadrille de chasse des "Tuskegee Airmen", parrainée par rien moins que Madame Roosevelt, et qui opère en Italie, constituera toujours l'exception : à de rarissimes exceptions-près, on ne trouve et ne trouvera aucun Noir dans les unités combattantes (1), et donc aucun Noir à décorer ou glorifier.

Paradoxalement, cette armée qui se flatte de combattre une des pires idéologies raciales de l'Histoire est elle-même ouvertement ségrégationniste : alors que la Grande-Bretagne manque de tout, les Américains réclament en effet des Britanniques, dès 1942, qu'il fournissent non seulement des baraquements, mais aussi des terrains d'entraînement, des cinémas et même des pubs (!) séparés pour les Blancs et les Noirs, lesquels ne doivent en aucun cas se côtoyer alors qu'ils portent pourtant le même uniforme.

Les Britanniques étant loin d'éprouver les mêmes sentiments raciaux que leurs cousins américains, les tensions entre les uns et les autres sont innombrables. Londres ne veut pas céder devant les diktats de Washington, mais ne peut pas non plus se fâcher avec son grand allié américain.

Alors, au fil des mois, les uns et les autres sont forcés de mettre de l'eau dans leur whisky. Les officiers américains donnent des cours de savoir-vivre et de coutumes britanniques aux soldats blancs, et s'efforcent de constituer des unités mixtes. De leur côté les Britanniques "oublient" d'inviter les soldats noirs à des festivités ou des rencontres sportives où se trouvent déjà des soldats blancs, ou encore regardent ailleurs lorsque la police militaire américaine se met à embarquer les soldats noirs qui cherchent à entrer dans un bar fréquenté par des soldats blancs.

(1) Plus que toute autre, la catastrophe de Port Chicago du 17 juillet 1944 résume cet état de fait: l'explosion qui ravagea cet arsenal californien tua en effet 202 soldats noirs occupés à charger des munitions, ce qui représenta 15 % des pertes de soldats noirs de toute la guerre.

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Pas tout à fait...il existe une anecdote célèbre à ce sujet.
Dans les milieux de la plongée sportive , l'épave du B17 crashé devant Calvi,avec deux moteurs en flames et un troisième en panne de turbo, au ras de la citadelle, par 30 M de fond , en Corse est célèbre..même si année après année elle s'efface et se délite...
Très professionnel,Frank Chapplick le pilote avait "ditché" les munitions avant le crash et s'était posé sur l'eau, permettant à presque tout son équipage d'évacuer, à l'exception du mitrailleur ventral.

Alors qu'elle commençait à être connue, dans les années 60/70, un officier de l'US Air Force "identificateur de cadavres" vint demander à Mr Valeani, responsable d'un club de plongée local de remonter les restes humains.

Il restait à bord de la barge de plongée tandis que Valeani lui remontait les ossements, puis finalement la plaque d'identification tant cherchée.

En voyant arriver la mâchoire, il s'exclama: "It's a nigger" (c'est un nègre)expliqua que la mâchoire était caractéristique (?)..et ajouta que le plongeur avait forcément retrouvé les ossements du "nègre" à un endroit bien précis de l'épave.
Très étonné Valeani lui demanda comment , étant resté en surface, il pouvait le savoir..il lui fut répondu que sur ce modèle de B17 , un poste de mitrailleur ventral avait été rajouté en catastrophe , comme une verrue sous la carlingue , mais sans possibilité d'évacuation pour le mitrailleur, qui pouvait soit se noyer en cas de chute en mer, soit être écrabouillé en cas d'atterrissage sur le ventre/

L'"identificateur de cadavres ajouta: "Vous comprenez, forcément, pour ce poste là on mettait toujours un nègre" ...Cité in Epaves et Naufrages en Corse édité par le plongeur archéologue JP Joncheray.