samedi 22 novembre 2008

2085 - Yanks

... si les soldats américains sont bien plus désireux de rentrer chez eux que de combattre, ils ont au moins l'avantage d'être de plus en plus nombreux en Grande-Bretagne, passant de 59 000 à 760 000 hommes entre mars et décembre 1943, puis à 1 500 000 hommes en mai 1944.

Transformés en transports de troupes, rééquipés pour accueillir la bagatelle de 15 000 personnes - dans des conditions de confort qui défient il est vrai toute description - et lancés à 30 noeuds sur
l'Atlantique, les paquebots Queen Elizabeth et Queen Mary vont à eux seuls acheminer le quart du contingent, échappant aux sous-marins allemands grâce à leur grande vitesse, qui leur permet de se passer d'escorteurs... lesquels seraient de toute manière bien incapables de suivre leur rythme.

Naturellement, cette arrivée massive de jeunes-gens sur le sol
britannique ne va pas sans poser divers problèmes, non seulement matériels (puisqu'il faut loger, entraîner, nourrir, divertir ces centaines de milliers de "touristes" de longue durée), mais aussi relationnels,... a fortiori dans un pays où une bonne partie de la population mâle est casernée loin de chez elle ou carrément hébergée depuis des années dans des camps de prisonniers allemands ou japonais.

Aux dires de ceux-là, les GI's sont "overpaid, oversexed and over here", trop payés, obsédés sexuels, et bien trop présents...

Comme toutes les femmes, les femmes britanniques, par ailleurs astreintes à de longues heures de travail monotone, sont certes vertueuses,... mais la vertu n'a jamais vaincu l'ennui, et protège d'autant moins de la tentation que ces jeunes Américains disposent de solides arguments, à commencer par leur solde (qui, à rang égal, est le triple de la solde britannique !) et un accès virtuellement illimité à des biens de consommation devenus introuvables en Grande-Bretagne, comme le chocolat ou les bas nylon.

L'ambiance de guerre, la Mort qui rôde partout, l'absence du mari ou du fiancé côté britannique, et l'éloignement du pays natal côté américain, tout se conjugue en effet pour favoriser l'adultère, le divorce ou les naissances illégitimes, comme le relatera John Schlesinger en 1979, dans son film "Yanks"...

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