vendredi 21 novembre 2008

2084 - si loin de Captain America

... si marins et aviateurs américains éprouvent davantage de satisfaction et de fierté envers l'arme dans laquelle ils servent, leur adhésion personnelle à l'égard des objectifs et idéaux de laguerre en Europe - comme la "Croisade contre le Nazisme" - est à peine supérieure à celle des fantassins, autrement dit remarquablement basse.

S'en offusquer, s'indigner qu'un pays se revendiquant comme "la Terre de la Liberté" soit aussi peu désireux de verser son sang pour apporter cette liberté à ceux qui en sont privés depuis 5 ans, faire tout cela revient en fait à nier la réalité et les spécificités américaines.

Contrairement aux britanniques ou aux russes, les soldats américains doivent en effet combattre à des milliers de kilomètres de chez eux, c-à-d bien trop loin pour s'imaginer défendre leur pays, leur maison ou leur famille. Contrairement aux britanniques ou aux russes, ils n'éprouvent de surcroît aucune animosité particulière à l'égard des Allemands, qui ne les ont pas bombardé et qui ne les menacent en rien.

Dit autrement, les soldats américains ne se battent pas pour la survie de leur pays ou le triomphe de leur idéologie,... mais tout simplement parce qu'ils en ont reçu l'ordre, parce qu'ils craignent de se retrouver emprisonnés, et dans tous les cas déshonorés, s'ils tentent de s'y soustraire, et enfin parce qu'ils pensent qu'il s'agit là de la méthode la plus rapide et la plus efficace pour rentrer chez eux.

Ce n'est donc pas lui faire insulte que d'affirmer que le "GI moyen" est pour ainsi dire étranger à la guerre en Europe ainsi qu'à toute idéologie et qu'il le restera au moins jusqu'à l'entrée en Allemagne et la découverte des camps de concentration, au début de l'année 1945.

Éloignement du pays natal, faible adhésion aux objectifs de la guerre, et absence d'animosité à l'égard de l'ennemi, forment évidemment un mélange fort peu propice à l'éveil d'une redoutable ardeur guerrière. N'en déplaise au célèbre Captain America, le "GI moyen" ne ressemble en rien à tous les super-héros américains qui, à cette époque, cassent du Nazi à longueur de pages.

Comme le souligne perfidement Goebbels en mars 1944 : "En ce qui concerne la guerre en Europe, les Américains sont très sceptiques. Ils savent fort bien que la guerre en Europe ne leur apportera rien et que, pour eux, la guerre se déroule plutôt dans le Pacifique. C'est pourquoi, par exemple, les Américains se battent aussi mal sur le champ de bataille italien. Ils voudraient rentrer le plus tôt possible chez eux"

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