mardi 18 novembre 2008

2081 - Ô Canada

... souvent négligée par les historiens, la composante canadienne est néanmoins d'autant plus intéressante qu'elle représente un cas très particulier dans l'effort de guerre allié.

En 1939, l'armée canadienne, qui compte moins de 10 000 fantassins, aviateurs et marins, est pour ainsi dire inexistante.

Échaudé par la boucherie de 1914-1918, Ottawa a voté des lois de conscription pour le moins prudentes, lesquelles réservent le service en Europe aux seuls volontaires qui, au printemps 1944, représentent tout de même 400 000 hommes (1),... presque exclusivement anglophones puisque les francophones du Québec ont massivement rejeté l'appel aux armes, préférant la clandestinité ou la désertion à l'enrôlement pour une guerre qui leur est totalement étrangère et dans une armée qu'ils identifient - à tort ou à raison - comme un simple instrument de l'oppression anglo-saxonne.

S'ils ne représentent qu'une force modeste, et s'ils parlent presque tous anglais (2), les Canadiens qui pris les armes au profit de la Grande-Bretagne ont du moins l'avantage de la motivation... une motivation qu'ils vont hélas perdre au fil des mois, dans les pubs et casernes britanniques, où ils se languissent faute de matériel et d'affectation.

A l'été 1942, cette inaction, ô combien démoralisante non seulement pour les troupes mais aussi pour l'opinion publique canadienne, cette inaction a d'ailleurs incité Ottawa à faire pression sur Londres afin d'obtenir au plus vite une mission si possible glorieuse... laquelle a hélas débouché sur le désastreux Raid de Dieppe.

Un échec lamentable où le Canada a payé plus que sa part du sang, et un échec qui n'a certes amélioré ni le moral des soldats ni l'entente des officiers canadiens avec leurs homologues britanniques.

Si quelques milliers de soldats canadiens ont ensuite été envoyés combattre en Italie au cours de l'été 1943, l'immense majorité d'entre eux - près de 200 000 hommes - ont continué à se morfondre sous la pluie et la grisaille britanniques, dans l'attente du jour béni où ils pourront enfin débarquer en France, et cette fois victorieusement...

(1) en 1944, le Canada comptait moins de 12 millions d'habitants
(2) le Régiment de la Chaudière sera la seule unité canadienne francophone a débarquer en Normandie, le 6 juin 1944

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