jeudi 13 novembre 2008

2076 - pas très tactique...

... en quelque endroit qu'ils viennent à débarquer, les soldats alliés se heurteront forcément non seulement aux troupes, tanks et canons allemands, mais aussi à des fortifications bétonnées. Ils devront également affronter les troupes et matériels que les Allemands ne manqueront pas d'envoyer immédiatement vers le rivage, par la route ou le chemin de fer.

L'idéal serait de détruire, ou du moins de neutraliser, et ce plusieurs jours avant l'attaque, les bunkers, infrastructures et voies de communication ennemies, qui s'étendent hélas très loin à l'intérieur des terres.

Seuls les gros quadrimoteurs anglo-américains du bombardement stratégique seront en mesure de les "traiter" avant le débarquement, et de les "traiter" en profondeur. En effet, malgré leurs qualités, les gros cuirassés (comme le Warspite), les croiseurs et destroyers ne pourront apporter leur soutien que le jour-même de l'opération, et ce soutien sera forcément limité à la puissance et surtout à la portée de leur propre artillerie, soit à une bande de terre de seulement 10 à 20 kms de profondeur.

Le Boeing B-17 fait partie de ceux-ci. Né en 1935, ce bombardier lourd correspond à ces appareils que l'Italien Giulio Douhet considérait dans les années 1920 comme les arbitres des conflits futurs, car en mesure de porter le feu loin derrière la ligne de Front, paralysant ainsi les industries de l'ennemi, et incitant sa population démoralisée à réclamer la paix.

Même si les campagnes de bombardement en Europe allaient finalement démontrer l'incapacité des bombardiers à stopper la production de guerre d'une dictature, ou à susciter une véritable révolte populaire au sein de celle-ci, on n'en était pas encore, au début 1944, à dresser les bilans : la campagne de bombardement stratégique battait son plein, les Américains détruisant de jour ce que les Britanniques incinéraient la nuit, et Carl Andrew Spaatz (du côté américain) comme Arthur "Bomber" Harris (du côté britannique) étaient si convaincus de parvenir à un résultat qu'ils n'entendaient certes pas - nous y reviendrons - se priver d'un seul de leurs précieux bombardiers pour appuyer un quelconque débarquement.

De toute manière, ni le B-17 ni aucun de ses contemporains - tous aussi lourds, lents et peu maniables que lui - ne constituait une arme tactique efficace, c-à-d une arme capable d'intervenir à la demande, et avec précision, en n'importe quel point d'un champ de bataille, de manière à soutenir l'action des troupes au sol : même s'il était considéré comme le meilleur de l'époque, le viseur Norden des B-17 n'offrait par exemple qu'une précision de 200 mètres... impossible à atteindre en conditions réelles, ce qui contraignait à ne bombarder qu'en "tapis", et le plus souvent bien à côté de la cible...

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