mercredi 12 novembre 2008

2075 - à défaut d'autre chose...

... ce n'était pas un mauvais tank, mais ce n'était pas non plus le tank idéal pour la guerre telle qu'elle se déroula en Europe.

A leur décharge, les ingénieurs américains pouvaient invoquer leur manque d'expérience en la matière (durant la Première Guerre Mondiale, les soldats US avaient en effet combattu avec des tanks français ou britanniques), ou le fait que le Sherman, conçu dans l'urgence en 1940, n'avait pu bénéficier des enseignements des premiers combats en Europe, qui l'auraient sans doute rendu moins haut et mieux blindé, donc moins vulnérable sur le champ de bataille.

Avec ses 32 tonnes, son canon de 75mm très efficace contre des cibles peu blindées, et une maniabilité ainsi qu'une fiabilité unanimement reconnues, le Sherman était quand même le meilleur tank allié du moment, et soutenait sans rougir la comparaison avec ses adversaires... du moins jusqu'à l'apparition, à partir de 1943, des Panther et Tiger allemands, non seulement mieux armés (avec respectivement un canon de 75 ou de 88mm à haute vitesse initiale) mais également beaucoup mieux protégés (ce qui au demeurant les rendait de 15 à 30 tonnes plus lourds !)

Début 1944, le Sherman, qui dotait l'intégralité du corps de bataille américain... mais aussi plus des deux-tiers du britannique, était donc loin de représenter l'arme idéale, mais c'était en vérité la seule qui - standardisation américaine oblige - se trouvait disponible en grandes quantités, et en quantités bien plus importantes (1) que tout ce que les Allemands pourraient raisonnablement aligner contre lui.

Dit autrement, la guerre en Europe de l'Ouest allait opposer une conception américaine fortement quantitative à une conception allemande davantage qualitative,... encore que les prétendues "qualités" des tanks allemands aient été largement surévaluées, et le soient demeurées jusqu'à nos jours.

En définitive, le compromis idéal était plutôt plutôt... britannique et consistait, comme nous l'avons vu, à installer un 17 pounder (lui aussi à haute vitesse initiale) dans la tourelle d'un Sherman qui, ainsi devenu "Firefly" n'était évidemment pas mieux protégé que son demi-frère américain, mais disposait désormais des moyens de combattre ses adversaires à armes égales

La production britannique de 17 pounder étant malheureusement incapable de suivre la production américaine de Sherman, les "Firefly" ne pourraient être alignés qu'à raison d'un "Firefly" pour trois ou quatre Sherman, ce qui n'allait cependant pas les empêcher de faire parler la poudre...

(1) avec près de 50 000 exemplaires, le Sherman détient toujours, et de loin, le titre de tank occidental le plus fabriqué.

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