jeudi 6 novembre 2008

2069 - la lente marche vers la guerre

... c'est peu dire de l'Amérique de 1939 qu'elle n'éprouve pas la moindre envie de se replonger dans une nouvelle guerre en Europe.

Pour les industriels américains, pour les citoyens américains, l'Europe est géographiquement et politiquement trop éloignée d'eux et de leurs préoccupations quotidiennes.

Et si les isolationnistes (comme Charles Lindbergh) ou les admirateurs de l'Allemagne nazie (comme Henry Ford) se font chaque jour un peu moins nombreux, la population américaine dans son ensemble est encore fort loin de partager les opinions du Président Roosevelt, lequel considère la guerre contre l'Allemagne comme une certitude à court ou moyen terme, et comme une nouvelle Croisade entre le Bien et le Mal, entre la Démocratie et le Totalitarisme.

Bon gré , mal gré, l'invasion de la Pologne, en septembre 1939, puis l'effondrement de la France, en juin 1940, vont néanmoins rapprocher les États-Unis de la guerre.

A l'heure où leurs cousins britanniques demeurent seuls en lice contre Hitler, de nombreux Américains choisissent de se porter discrètement volontaires au sein des forces armées britanniques, tandis que le gouvernement Roosevelt s'efforce pour sa part de transformer l'industrie manufacturière américaine en "Arsenal des Démocraties",... encore que ce dernier qualificatif, appliqué à l'Union Soviétique (qui deviendra dès l'automne 1941 le second bénéficiaire de l'aide américaine après l'Angleterre) apparaisse pour le moins incongru.

Les commandes françaises, britanniques, puis soviétiques, ont au moins le mérite d'éveiller l'intérêt des industriels ainsi que l'imagination des ingénieurs, en sorte que les uns et les autres ne se retrouvent pas totalement pris au dépourvu lorsque les déclarations de guerre de l'Allemagne et du Japon (7 et 11 décembre 1941) précipitent finalement les États-Unis dans un nouveau conflit.

Quand le Président Roosevelt monte à la tribune après l'attaque japonaise contre Pearl Harbor, et en parle comme du "jour de l'infamie", la population américaine, qui depuis des mois s'est progressivement résignée à repartir en guerre, s'enflamme aussitôt,... avant de s'étonner que l'essentiel de l'effort soit dirigé contre l'Allemagne plutôt que contre le Japon, puis de se demander si, finalement, les sacrifices qu'on exige à présent d'elle valent réellement de renoncer à tout ce qui fait l'intérêt et le charme de l'American Way Of Life...

Aucun commentaire: