vendredi 7 novembre 2008

2070 - la carotte et le drapeau

... comme tous les gouvernements qui basculent dans la guerre, le gouvernement Roosevelt se retrouva, dès le lendemain de Pearl Harbor, confronté à des défis non seulement militaires mais également industriels et sociaux.

Au pays de la Liberté et de la Libre-entreprise, dans un pays où l'État central était bien moins fort qu'en Europe (et a fortiori bien moins fort qu'en Allemagne ou en URSS !), le recours au "gros bâton" était exclu.

On ne pouvait en effet forcer des industriels comme Boeing ou GM à reconvertir leurs chaînes de montage à grands frais afin de fabriquer des bombardiers et des tanks plutôt que des avions civils et des voitures particulières.

Par le biais des taxes et des emprunts de guerre, l'État fédéral
américain pouvait par contre dégager une manne financière colossale,... qui tomberait naturellement dans l'escarcelle de ceux qui produiraient pour la guerre.

Quant aux réfractaires, un vigoureux appel au patriotisme suffirait, dans la plupart des cas, à emporter la décision : peu d'entrepreneurs souhaitant en effet apparaître comme de "mauvais Américains" aux yeux de leurs compatriotes et clients.

Mutatis mutandis, cette stratégie, que l'on pourrait qualifier de "carotte et du drapeau", allait également s'appliquer à la population américaine dans son ensemble. Si la Loi de conscription contraignait naturellement les jeunes hommes à passer par le conseil de révision - ultime étape avant l'armée - elle ne pouvait en revanche forcer le reste de la population - et en particulier sa composante féminine - à endosser l'uniforme,... ni même à travailler pour l'effort de guerre !

Contrairement à ce qui se passait à la même époque en URSS et - quoi que dans une moindre mesure - en Allemagne, les options restantes se limitaient donc, et à nouveau, à des incitatifs financiers et des appels au patriotisme.

Grâce à l'argent de l'État, l'industriel de l'Armement était en mesure d'offrir salaires élevés et heures supplémentaires majorées, ce qui incitait naturellement la main d'oeuvre à s'enrôler dans son usine - et à y rester - afin d'y fabriquer avec entrain moteurs d'avions, pièces de chars ou munitions en tout genre.

Au besoin, le drapeau était là pour rappeler à chaque Américain, de l'agriculteur à la mécanicienne en passant par l'ingénieur ou le soudeur, qu'il travaillait main dans la main avec le frère, le fiancé, l'époux ou le fils expédié au Front, à des milliers de kilomètres de chez lui,... et aussi que se soustraire à cette noble tâche était non seulement anti-patriotique mais risquait de surcroît de retarder le retour de l'intéressé dans ses foyers, voire de mettre sa vie en danger.

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Merci encore pour votre site, petite lecture du soir depuis ma Normandie...