dimanche 26 octobre 2008

2058 - le réveil de Washington

... Pour débarquer en Afrique du Nord et en chasser les Allemands, les Américains, qui n'ont aucune expérience en la matière et dont les troupes n'ont pas encore connu le moindre combat, n'ont pas lésiné sur les moyens, mobilisant pas moins de cinq porte-avions, trois cuirassés et une dizaine de croiseurs, chargés d'appuyer le débarquement de plus de 80 000 GI's

C'est donc, pour l'époque, une force colossale qui se présente, le 8 novembre 1942, devant les côtes marocaines et algériennes et leurs 100 000 soldats, certes demeurés fidèles à Vichy mais dont on s'attend en vérité à fort peu de résistance. De fait, et malgré de nombreux couacs, l'Opération Torch, se solde par un succès, obtenu en seulement trois jours et au prix de pertes insignifiantes (moins de 500 tués)

La suite des événements va malheureusement s'avérer beaucoup plus laborieuse et coûteuse en vies humaines, puisqu'il faudra attendre la mi-mai 1943 avant de voir l'Afrika Korps finalement contrainte à la reddition (1)

Si la lenteur des opérations n'a nullement altéré la foi des Britanniques en matière "d'engagements périphériques", elle a en revanche consterné les Russes - toujours dans l'attente de l'ouverture d'un authentique "second Front" à l'Ouest - et rendu les Américains de plus en plus dubitatifs.

Pour le Pentagone, mais aussi pour l'opinion publique, il faut en effet aller directement à l'essentiel, c-à-d à Berlin, dont la route la plus directe passe par les côtes françaises, ce qui permettra au demeurant de rapatrier au plus vite les centaines de milliers de "boys" expédiés à des milliers de kilomètres de chez eux et de leurs familles.

Mais comme nombre de ces "boys" campent désormais en Afrique du Nord, autant les faire débarquer en Sicile, ce qu'ils font en juillet 1943. Si l'île tombe en un mois, c'est surtout la rivalité de plus en plus exacerbée entre Patton et Montgomery qui retient l'attention, bien qu'elle ne constitue en réalité que le révélateur de deux manières fort différentes de faire la guerre.

Fidèle à sa stratégie de lent grignotage périphérique, Churchill entend à présent poursuivre l'offensive en Italie et, au-delà, vers les Balkans, l'Autriche et l'Allemagne du Sud. Mais en août, à la Conférence de Québec, Washington se réveille enfin, et rappelle à Londres son engagement solennel de prendre bientôt pied sur les côtes françaises.

Cette fois, les Britanniques, épuisés par quatre années de guerre. et de plus en plus réduits au rôle de parent pauvre, n'ont d'autre choix que de s'incliner, même si Churchill n'a pas encore dit son dernier mot...

(1) Saviez-vous que... 1984 à 1987

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