samedi 25 octobre 2008

2057 - suivre ou précéder Albion

... le 28 février 1942, le général Marshall, chef d'État-major des Armées, a reçu des mains du responsable de la War Plans Division - un certain Dwight Eisenhower - un long mémorandum sur la nécessité d'organiser, au printemps 1943, un débarquement massif sur les côtes de France.

Le 1er avril suivant, le Président Roosevelt a avalisé une version remaniée de ce plan, entretemps devenu "memorandum Marshall".

Pour autant, ce n'est pas en France,... mais bien en Afrique du Nord, que les GI's vont bientôt débarquer !

Cet étrange revirement américain s'explique d'abord et avant tout par l'inébranlable attachement des Britanniques à la stratégie des "affrontements périphériques"... ainsi que par les considérables intérêts de ces mêmes Britanniques en Méditerranée et au Proche-Orient.

Pour Londres, il importe en effet d'éviter tout choc frontal avec la Wehrmacht, tout en mettant définitivement le Canal de Suez à l'abri des appétits germano-italiens, lesquels campent depuis des semaines à El-Alamein, à seulement quelques dizaines de kilomètres d'Alexandrie.

Le 23 octobre 1942, la VIIIème Armée du général Montgomery, massivement rééquipée en matériel américain, est passée à l'offensive et a fini, bien que fort laborieusement, par repousser l'Afrika Korps de Rommel jusqu'en Lybie.

Afin de prendre Allemands et Italiens en tenaille, Churchill a également imaginé de faire débarquer ses nouveaux alliés américains au Maroc et en Algérie. Une fois Rommel vaincu et définitivement chassé de la région, on pourra alors, estime-t-il, se servir de l'Afrique du Nord comme tremplin pour débarquer en Sicile, puis en Italie, et enfin remonter vers le Nord jusqu'en Allemagne, route qui lui paraît moins risquée, et assurément bien moins coûteuse en vies humaines, que celle d'un débarquement massif, suivi d'un affrontement tout aussi massif, sur les côtes françaises.

A la stupéfaction de son État-major, le Président Roosevelt a fini par prêter une oreille attentive à cette complexe stratégie britannique qui, sur le papier, présente quand même de sérieux avantages,... à commencer par la perspective de victoires relativement faciles, que l'on pourra présenter à une opinion publique américaine, laquelle, depuis Pearl Harbor, se désespère de n'entendre que de mauvaises nouvelles en provenance du Pacifique.

Un tranquille débarquement en Afrique du Nord, mené dès novembre 1942, évitera également aux troupes américaines de se morfondre pendant de longs mois dans les casernes britanniques avant que l'on parvienne à réunir suffisamment de matériel et de navires pour les acheminer France avec des chances raisonnables de succès. Il leur permettra également de s'aguerrir et de se préparer aux combats - bien plus difficiles - qui s'annoncent.

Et puis - qui sait - peut-être la stratégie britannique est-elle finalement la bonne et permettra-t-elle d'arriver à Berlin sans risques ni pertes inutiles...

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