mercredi 22 octobre 2008

2054 - la retraite

... Quatre heures après le début des débarquements sur et autour de Dieppe, le fiasco est aussi total qu'irrémédiable.

Si les commandos britanniques, en particulier celui de Lord Lovat, ont obtenu quelques succès, le gros de la troupe, c-à-d l'infanterie canadienne, a été taillée en pièces par les canons et mitrailleuses des allemands solidement retranchés dans des bunkers ou des maisons fortifiées.

A 11h00, l'ordre de repli général est lancé... à marée basse, ce qui accroît d'autant la distance que les rescapés doivent encore parcourir, à découvert, pour rejoindre les embarcations. Les plages se retrouvent bientôt jonchées de cadavres, de véhicules abandonnés, de tanks enlisés, et de péniches qui achèvent de se consumer.

Le bilan est aussi dramatique que sans appel : sur les quelque 5 000 fantassins canadiens qui se sont présentés devant Dieppe, 900 ont été tués, et près de 2 500 faits prisonniers. Les Britanniques comptent également plus de 500 morts dans leurs rangs. Tous les tanks et tout le matériel débarqué a été perdu, de même que la plupart des péniches, tandis qu'une centaine d'avions ont été abattus par la Luftwaffe et la Flak allemandes.

Si les Allemands ont toutes les raisons de pavoiser, c'est en revanche la consternation au Canada, où l'on s'interrogera longtemps sur la finalité de toute cette opération, ainsi que sur la nonchalance dont les Britanniques ont fait preuve en matière d'organisation.

Paradoxalement, l'ampleur des pertes humaines - mais des pertes canadiennes - fait plutôt l'affaire de Churchill. D'abord parce qu'elles lui permettent de sauver les apparences vis-à-vis de Staline, à qui il a promis l'ouverture d'un "second Front" à l'Ouest. Ensuite parce qu'elles constituent un excellent argument à opposer à un Roosevelt qui ne jure que par un débarquement massif sur les côtes françaises alors que lui, Churchill, fidèle en cela à la longue tradition britannique des "affrontements périphériques", préférerait de loin se cantonner à une guerre aérienne au-dessus de l'Europe occupée, accompagnée de plusieurs débarquements de moindre ampleur, en Afrique du Nord dans un premier temps puis, finalement, en Italie, qu'il considère comme le "ventre mou de l'Europe" et le plus sûr moyen de vaincre l'Allemagne avec un minimum de pertes...

2 commentaires:

Anonyme a dit...

bravo mon cher, votre blog trés complet donne un petit de culture aux assoiffés de bibliothèques internetiques

JJR, passionné d'histoire

Anonyme a dit...

Puis-je souligner l'apport du régiment des Fusilliers Mont-Royal, composés de francophones?

«Depuis le début des combats, le major-général Roberts, commandant en chef des opérations terrestres, ne reçoit à bord du Calpe, que des renseignements fragmentaires et, par conséquent, inexacts sur ce qui se déroule réellement à terre car les moyens de transmission de la plupart des unités à terre sont détruits ou endommagés. Il croit que l'Essex a pu pénétrer dans la ville, alors qu'il ne s'agit que du petit groupe de Stapleton… et afin d'exploiter la situation qu'il pense encore favorable, il prend la décision de faire débarquer les 600 hommes des Fusiliers Mont-Royal. Ce qui ne fait qu'accroître les pertes en vies humaines et ajouter au drame.

A 7 heures, à bord de 26 vedettes, les Fusiliers Mont-Royal approchent sous un feu implacable. À leur tête, le lieutenant-colonel Ménard, grièvement blessé dès l'accostage, débarque avec ses hommes qui sont immédiatement cloués sur la plage.»

Dieppe fut un désastre : 28 officiers et 516 hommes furent tués chez les Fusiliers Mont-Royal. Comme boucherie, on ne fait pas mieux.

http://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9barquement_de_Dieppe