... même avec le recul du temps, il reste toujours aussi difficile de trouver une quelconque justification militaire au désastreux Raid sur Dieppe (Opération Jubilee) du 19 août 1942.Largement surdimensionnés pour une opération commando, les moyens utilisés - 6 000 hommes, plusieurs centaines d'avions, plus de 200 navires de débarquement et de soutien - sont en revanche carrément ridicules dans une optique de reconquête de l'Europe.
Quel que soit l'angle sous lequel on l'étudie, le débarquement à Dieppe répond principalement, pour ne pas dire exclusivement, à une manoeuvre politique, à une opération de relations publiques, destinée à démontrer que l'Armée de Sa Gracieuse Majesté a bel et bien l'intention de remettre les pieds en Europe plutôt que de continuer à la bombarder, nuit après nuit, depuis les Airs.
Plus que l'opinion publique britannique, ce sont avant tout les Américains et les Russes qu'il importe de convaincre. Entrés en guerre huit mois plus tôt, les premiers, bien que n'ayant encore rien prouvé par eux-mêmes (1), manifestent déjà de sérieux doutes - nous y reviendrons - quant à réelle volonté des Britanniques de débarquer en France. Quant aux seconds, il ne manquent jamais une occasion de rappeler à leurs alliés occidentaux - et particulièrement aux Britanniques - leur promesse d'ouvrir très rapidement un "second Front" à l'Ouest, lequel serait d'autant plus utile que l'Armée rouge, en pleine déroute, est présentement occupée à retraiter vers une ville connue sous le nom de Stalingrad.
Ayant toujours été, sinon le maillon faible, du moins le maillon le plus négligé de l'Empire, l'Armée de Terre britannique ne dispose évidemment pas, en cet été 1942, des moyens qui lui permettraient de débarquer en force sur le Continent et de mener une bataille victorieuse contre la Wehrmacht.
En revanche, un débarquement, même limité dans le temps et les ambitions, rassurerait peut-être Washington et Moscou, tout en fournissant des informations utiles au véritable débarquement qu'il faudra bien mener un jour sur les côtes de France, si du moins Churchill ne parvient à persuader Roosevelt d'y renoncer...
(1) sur le Front européen les troupes américaines ne connaîtront leur baptême du feu qu'à l'occasion du débarquement au Maroc et en Algérie (Opération Torch) du 8 novembre 1942
Aucun commentaire:
Publier un commentaire