... de par son insularité, la Grande-Bretagne a toujours été une nation de marins plus que de fantassins, et c'est d'ailleurs la Royal Navy - et pas l'Armée de Terre - qui a écrit les pages les plus glorieuses de l'Histoire militaire britannique.Ce parti-pris pour la Marine impliquait naturellement de renoncer aux grands affrontements terrestres plébiscités par les puissances continentales, pour leur substituer une multitude d'engagements périphériques de moindre ampleur, menés si possible sur mer et le plus loin possible du territoire national, d'où le qualificatif de "perfide" souvent accolé à Albion.
En 1915, c'est précisément pour échapper à l'engagement frontal contre l'Allemagne, et sur le théâtre européen, que Winston Churchill, alors Premier Lord de l'Amirauté, avait proposé la désastreuse expédition menée contre la Turquie dans les Dardanelles, et c'est pour cette même raison que ce même Churchill, devenu Premier Ministre de Grande-Bretagne, allait privilégier, en 1942 et 1943, une reconquête de l'Europe qui passerait par la Méditerranée et l'Italie plutôt que par le Pas-de-Calais et la France, laquelle, en plus de réclamer bien davantage de moyens matériels et humains, paraissait bien plus risquée et susceptible d'entraîner de fort nombreux morts et blessés.
Pour Churchill, et pour l'État-major britannique dans son ensemble, les grandes batailles mobilisant en un seul endroit des dizaines de milliers de fantassins et des centaines de tanks, c'était juste bon pour des dictatures totalitaires comme l'Allemagne et l'URSS et, quoi que dans une moindre mesure, pour les Américains, lesquels, soucieux de rentrer chez eux au plus vite, allaient s'entêter, au plus grand déplaisir des Anglais, dans leur idée d'un débarquement sur les côtes françaises, considéré comme le plus court et le plus rapide chemin jusqu'à Berlin.
Une idée qu'ils finiraient, mais de chaude lutte, par imposer à leurs lointains cousins.
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