jeudi 25 septembre 2008

2027 - la marionnette sanglante

... revenons à présent à Benito Mussolini, que nous avons abandonné le 23 septembre 1943, alors qu'il venait de proclamer la naissance de la Repubblica Sociale Italiana (République Sociale Italienne ou RSI), qui allait bientôt s'installer dans la petite ville de Salo (près du Lac de Garde).

A vrai dire, la RSI a toutes les caractéristiques d'un État-fantoche : ce sont les Allemands qui dictent la partition, rythment le tempo et équipent - chichement - l'orchestre, dont ils font surveiller le chef en permanence.

Réduit au rang de marionnette, Mussolini dirige donc ce qu'il peut,... à commencer par le Procès de Vérone, sombre farce juridique destinée à juger les membres de l'ancien Grand Conseil du Fascisme qui, le 24 juillet précédent, se sont prononcés en faveur de sa destitution.

Le 10 janvier 1944, après trois jours de pseudo-débats, cinq des inculpés sont condamnés à mort, parmi lesquels le comte Galeazzo Ciano, ancien Ministre des Affaires étrangères et par ailleurs gendre de Mussolini, qui refuse de signer sa demande de grâce.

Fusillés dès le lendemain, ces cinq hommes vont aller grossir les morbides statistiques de la RSI : dans toutes les zones encore sous son contrôle, on traque et on exécute en effet les partisans à tour de bras et sans même s'embarrasser du moindre jugement.

A la violence des supporters de Mussolini réplique naturellement celle de ses opposants, de plus en plus nombreux et de mieux en mieux organisés à mesure de l'avance alliée dans la Péninsule.

2 commentaires:

Anonyme a dit...

Le plus jeune des fils de Mussolini, qui survécut à la guerre contrairement à son frère Bruno, aviateur, et disparu assez bêtement en testant un bombardier quadrimoteur Piaggio copié sur la forteresse volante B17, se tint à l'écart de toute espèce de politique après guerre et fit une carrière de ....pianiste de Jazz.
Longtemps après il a publié ses souvenirs dans un livre dont le titre est assez parlant: Quando Papi feceva fucilare papa -Quand mon Papy à fait fusiller mon papa.

Galeazzo Ciano était un playboy assez vaniteux, qui trompa copieusement Edda , la fille du Duce et qui se révéla assez "léger" dans son rôle de ministre des affaires étrangères en s'attirant la haine des fascistes purs et durs et en particulier celle de Pavolini qui poussa Mussolini à ne pas gracier son propre genre.

Les procès de Vérone prononcèrent plusieurs condamnations par contumace, pour les prudents qui s'étaient déguisés encourant d'air après l'emprisonnement de Mussolini à Ponza, Dino Grandi, bien entendu, mais aussi l'électron libre du fascisme, Giuseppe Bottai ,qui avait quand même du panache et de la rectitude morale puisqu'il s'engagea (à 44ans)dans la Légion étrangère française où il fit une fin de guerre honorable (mitrailleur sur un scout-car) et rentra tête haute à Rome dans les années 50 où il fit une carrière de Journaliste

Ciano était aussi un diariste et son journal personnel, qui faillit plusieurs fois être détruit a été la providence des historiens de l'époque fasciste.

Anonyme a dit...

Bravo, excellent blog!
Pour compléter l'image , il faut préciser que la Décima MAS sous la république de Salo n'a plus grand chose à voir avec celle de 41-42 , l'unité de nageurs de combat intrépide et hautement technique qui a coulé des navires anglais à Gibraltar, à Alexandrie et à Alexandrette (Iskendrun, en Turquie).
Des chefs historiques sont morts (en particulier Teseo Tesei lors d'une attaque avortée avec des canots à moteur explosifs sur la rade du port de Malte) d'autres ont été capturés, comme Durand de la Penne, aux opinions monarchistes et antifascistes qui se mettra au service des anglais et formera leurs nageurs de combat aux excellentes techniques de plongée italiennes (parmi ses élèves, le Commander Crabb qui finira mystérieusement tué à Portsmouth par des plongeurs soviétiques dans un scénario digne d'un James Bond , lors de la visite officielle de Kroutchev et Boulganine à bord d'un croiseur pour présenter les hommages à la jeune reine Elizabeth II au début des années 50.

Celui qui est à la manoeuvre dans la Décima MAS de fin 43 c'est le "prince noir" Junio Valerio Borghèse (pas directement nageur de combat mais commandant du sous marin Sciré qui avait amené à pied d'oeuvre les hommes torpille qui ont coulé les cuirassés anglais à Alexandrie).

Fasciste pur et dur , mais pas du tout impressionné par Mussolini et encore moins par la clique qui l'entoure à Salo il a recruté à tour de bras des soldats de fortune (les affiches de recrutement sont signées de l'illustrateur Gino Boccasile, lui aussi fasciste pur jus) et mêne comme vous l'avez relaté une guerre à mort aux partisans antifascistes, quelque soit leur opinion (républicains, Démo Chrétiens, socialistes, adhérents de Giustizia e Liberta , le parti des frères Rosselli assassinés avant-guerre en France par la Cagoule sur ordre de Mussolini...et bien entendu les communistes, qui sont les plus durs à cuire).

Il n'est plus question de nageurs de combat, les recrutés font de la basse besogne de lutte anti guerrilla sur les montagnes entourant la vallée du Pô et exécutent sommairement pour faire règner la terreur.

D'après Pierre Milza Borghèse agit quasiment en toute indépendance à la façon d'un condottiere du XV° siècle et se fiche comme de sa première chaussette des dirigeants de Salo.

Il est probable,qu'il se verrait bien remplacer Mussolini si par quelque accident celui ci débarrassait la scène politique.

Egal en cruauté et en fanatisme, mais resté proche d'un Mussolini complètement démoralisé, Pavolini (qui n'a aucune formation militaire mais parade avec un uniforme rutilant et finira -courageusement mais vainement- comme un méchant de Western en avril 45) a recruté aussi des exécuteurs des basses oeuvres (y compris des repris de justice, en prétextant que lors de l'Unité Italienne, Garibaldi en avait fait autant pour l'expédition des Mille): Ce sont les brigades noires cruels et brutaux, voire sadiques...dont les effectifs fondront comme neige au soleil une fois que les dernières lignes de défense de Kesselring seront culbutées...

Bien entendu , Ici et là les troupes de Borghèse et celles de Pavolini se battent entre elles (l'Union est un combat, comme disent les politiciens) et éventuellement pactisent localement avec la résistance antifasciste pour liquider les criminels de droit commun qui, infiltrés chez les fascistes comme chez les antifascistes, font la guerre pour leur copte et se livrent au pillage dans une Italie qui crève de faim.