2009 - la fin de la Regia Marina

... en cet automne de 1943, qu'allait-on bien pouvoir faire des bâtiments de la Regia Marina, et en particulier de ses cuirassés, qui étaient parvenus à rallier un port allié ?

L'Impero demeuré inachevé, le Roma coulé par la Luftwaffe au lendemain de l'armistice italien, le Conte di Cavour abandonné aux Allemands et bientôt transformé en amas de ferrailles par les bombardements alliés, ils n'étaient plus que cinq, qui avaient naguère constitué l'orgueil de toute l'Italie.

Soucieux de plaire à ses nouveaux alliés, ou devrait-on dire à ses nouveaux maîtres, le gouvernement italien va très vite proposer de les remettre en service contre les côtes françaises et dans le Pacifique. La première éventualité est politiquement inacceptable, la seconde est techniquement impossible puisque ces bâtiments, taillés pour de rapides courses en Méditerranée, n'ont pas l'allonge suffisante pour opérer dans les immensités du Pacifique où du reste, les cuirassés ont depuis longtemps été supplantés par les porte-avions.

Alors, en attendant une opportunité qui ne se produira jamais, on les envoie tranquillement rouiller en Égypte, dans le Grand Lac Amer, en compagnie de tant d'autres navires avec lesquels Mussolini voulait dominer la Méditerranée.

Après-guerre, le Vittorio-Veneto sera officiellement cédé à la Grande-Bretagne, et le Littorio aux États-Unis, au titre des dommages de guerre, mais Anglais et Américains les renverront tous deux en Italie, où il seront finalement ferraillés en 1948.

Autrement plus âgés - ils datent tous deux de la Première Guerre Mondiale - l'Andrea Doria et le Caio Duilio leur survivront pendant près d'une décennie. Utilisés uniquement pour l'entraînement, ils passeront à leur tour sous les chalumeaux des démolisseurs en 1956 et 1957

Quant au plus vieux de tous, le Giulio Cesare, il connaîtra un étrange destin. Également cédé, cette fois à l'URSS, au titre des dommages de guerre, et rebaptisé Novorossiysk, il servira de navire-amiral puis de simple navire d'entraînement à la flotte de la Mer Noire. Le 29 octobre 1955, ancré devant Sebastopol, il sera victime d'une énorme explosion - dont les circonstances ne seront jamais élucidées - qui le fera chavirer, entraînant plus de 600 marins dans sa tombe...