samedi 19 juillet 2008

1959 - barnum

... ayant appris, dès le 27 mars, la présence de bâtiments de guerre italiens en route vers la Crète, Cunningham a aussitôt ordonné le rappel au port de tous les convois présents en mer.

Que faut-il faire à présent ? En toute logique, les Italiens, qui se savent repérés, vont rebrousser chemin et rentrer à Tarente bien avant que les cuirassés britanniques, ancrés à Alexandrie, aient eu le temps de les intercepter.

Mais une guerre se joue aussi à l'instinct, et l'instinct de Cunningham le pousse à sortir d'Alexandrie à la nuit, avec les cuirassés Barham, Valiant et Warspite, le porte-avions Formidable et quelques destroyers.

Sur son ordre, l'amiral Pridham-Whippel a également appareillé du Pirée avec quatre croiseurs légers, qui pourront ainsi prendre la flotte italienne en tenaille au cas où celle-ci, contre toute attente, n'aurait pas déjà rebroussé chemin

A l'aube du 28 mars, Iachino est de son côté presque arrivé à la limite prévue pour le raid, et n'a bien évidemment croisé aucun navire ennemi sur sa route. Mais à 06h40, l'hydravion de reconnaissance du Vittorio Veneto signale la présence de quatre croiseurs britanniques - ceux de Pridham-Whippel - à une cinquantaine de milles vers l'est.

Iachino lance immédiatement ses propres croiseurs lourds dans la direction des Britanniques lesquels, découvrant les mâtures italiennes, décident de se replier vers leurs propre cuirassés, qui traînent à plus de 90 milles vers le sud.

La poursuite fait rage pendant près d'une heure mais, malgré tous leurs efforts, les croiseurs lourds italiens ne parviennent pas à se rapprocher suffisamment de leurs adversaires, contre lesquels ils tirent en vain des dizaines d'obus de 203mm auxquels les britanniques, qui ne portent que du 152mm, ne peuvent riposter.

Devant l'inutilité de pareils efforts, Iachino décide, à 09h00, d'arrêter les frais, de rappeler ses croiseurs et de se replier vers Tarente, tant il est évident que ce barnum n'a pu qu'inciter les cuirassés britanniques, qu'il croit encore à Alexandrie, à appareiller...

5 commentaires:

Anonyme a dit...

juste un petit mot en passant.
Suis un lecteur assidu de ce blog et trouve vraiment dommage de ne jamais voir de commentaires.
en tous les cas, ben continuez ainsi, ça ravit le passionné que je suis.

D'Iberville a dit...

Je ne puis évidemment forcer les lecteurs à me laisser des commentaires ;-)

Mais il m'arrive aussi d'en recevoir directement par courriel, d'Europe, des États-Unis, du Costa-Rica ou même d'Afrique du Sud.

Diberville

Anonyme a dit...

Le départ britannique d'Alexandrie est digne d'un film d'espionage :)
Pour éviter que l'attaché naval japonais ne prévienne les italiens de l'appareillage des navires de la méditerranean fleet, l'amiral Cunningham ira le 27 au soir a terre pour faire croire qu'il va se reposer. une fois la nuit tombée, il se dépeche de remonter sur son navire et fait appareiller l'escadre en pleine nuit, pour que personne ne puisse le voir :)

D'Iberville a dit...

En fait, il avait même quitté le bord avec tout son équipement de golf ;-)

Anonyme a dit...

Ca c'est la face révélée de l'iceberg, et il faut dire qu'à cette époque , il y avait encore un consul japonais à Alexandrie, et que ce digne Ninja était un fan de golf...mais il ne faut pas oublier que les anglais lisaient à livre ouvert dans les codes secrets italiens (les petits génies du décryptage et les proto-ordinateurs de Bletchley park)...une source qu'il fallait protéger en inventant des raisons plausibles pour la "malchance"de adversaires sous peine de vendre la mèche.

De plus il y avait une quasi taupe au sein de la Supermarina (l'Etat major de la Marine Italienne) et pas une petite, rien moins que le très ambivalent amiral Maugeri , haut placé ..dans le service de renseignements de ma Marine italienne