
Plus grave encore, et sans qu'on sache s'il existe une relation de cause à effet, Höss ne va cesser de se contredire à plusieurs reprises au fil des témoignages suivants, tandis que sa mémoire lui fera défaut plus souvent qu'à son tour.
Ainsi, dans une déclaration écrite du 16 mars 1946. il affirme "j'ai personnellement organisé, selon des ordres de Himmler reçus en mai 1941, le gazage de deux millions de personnes entre juin/juillet 1941 et la fin de 1943, lorsque j'étais commandant d'Auschwitz" (1) A l'audience de Nuremberg, le 15 avril, il déclare pourtant avoir "personnellement rencontré" Himmler à Berlin, et ce "au cours de l'été 1941" et aussi penser "qu'environ trois millions de personnes furent mises à mort à Auschwitz, dont environ deux millions cinq cents mille dans les chambres à gaz" (2)
Un chiffre que les historiens ramèneront par la suite à environ un million, tout en faisant remarquer que cette rencontre, si elle a réellement eu lieu, ne peut dater, au mieux, que de juin 1942 (3)
Si ces multiples incohérences seront largement exploitées par les révisionnistes dans les années qui vont suivre, personne sur le moment ne s'y attarde.
En vertu de la Déclaration de Moscou du 30 octobre 1943 sur la "territorialité" des crimes, Rudolf Höss est finalement livré, le 25 mai 1946, aux autorités polonaises, lesquelles lui organisent un procès à l'issue jouée d'avance.
Condamné à mort le 2 avril 1947, il est exécuté sur le lieu-même de ses crimes, à Auschwitz, deux semaines plus tard. "Comme il montait au gibet, gravissant les marches, et le connaissant comme un nazi coriace, j'ai cru qu'il allait dire quelque chose", raconta un témoin de la scène. "J'ai cru qu'il allait faire une déclaration à la gloire de l'idéologie nazie pour laquelle il mourait. Mais non, il n'a pas dit un mot" (4)
(1) Irving, Nuremberg, the last battlepage 351
(2) Wieviorka, Le Procès de Nuremberg, page 119 et 122
(3) Gelatelly, Les Entretiens de Nuremberg, page 372
(4) Rees, Auschwiz, pp 368-369
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