dimanche 6 janvier 2008

1764 - remplir les trains

... organiser les convois ferroviaires à destination des camps, et remplir les wagons, était la tâche principale d'Adolf Eichmann, mais une tâche qui ne pouvait cependant s'accomplir sans la collaboration de toutes les autorités du Reich ainsi que celles des pays occupés.

Dès le démantèlement de la Tchécoslovaquie, en 1938, les autorités du Reich n'avaient eu aucune peine à convaincre le chef du nouveau gouvernement slovaque, Josef Tiso, de prendre de sévères mesures à l'endroit des Juifs. En février 1942, confronté à une demande pour de la main d'oeuvre gratuite, ce même gouvernement Tiso ne se fit pas davantage prier pour livrer 20 000 Juifs au Reich.

Le problème fut que les Slovaques voulaient se débarrasser des familles entières alors que les Allemands, eux, ne réclamaient que des hommes capables de travailler. Dans la logique du gouvernement slovaque, ne livrer que les hommes juifs priverait en effet de tout soutien matériel les femmes, les enfants et les vieillards juifs qui, du coup, se retrouveraient à la charge des autorités slovaques. En revanche, les autorités du Reich, n'ayant pas encore, à l'époque, les moyens "d'évacuer" un si grand nombre de Juifs improductifs, rechignaient.

Comme le souligne Laurence Rees, "La question fut tranchée à Berlin. Le gouvernement slovaque accepta de payer aux Allemands 500 Reichsmarks pour chaque Juif déporté [quel que soit son âge et son sexe] à condition qu'ils ne remissent jamais les pieds en Slovaquie et que les Allemands ne fissent valoir aucun droit sur les propriétés et autres biens laissés derrière eux. Les Slovaques, dont le chef de l'État était un prêtre catholique, payèrent donc les Allemands pour se débarrasser de leurs Juifs"

La France de Vichy devait arriver à la même conclusion pour les Juifs français. Comme le nota Theodor Danneker après une entrevue avec Pierre Laval au sujet de la déportation des Juifs de France, [Pierre Laval propose que] "lors de l'évacuation de familles juives de la zone non occupée, les enfants de moins de 16 ans soient emmenés eux aussi. Quant aux enfants juifs de la zone occupée, la question ne l'intéresse pas".

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