mercredi 2 janvier 2008

1760 - la dure gestion des stocks

... que les trains prennent du retard, ou s'avèrent insuffisamment remplis, et c'était la matière première à "évacuer" qui venait à manquer et réduisait l'usine de la Mort au chômage technique... avec les funestes conséquences que cela impliquait sur la main d'oeuvre servile habituellement chargée des opérations

Inversement, lorsque les wagons venaient à se bousculer à l'entrée du camp, le nombre de personnes à "évacuer" excèdait les capacités de "traitement" de l'usine, provoquant ainsi retards, incidents techniques, épuisement du personnel et gaspillage de précieuses ressources. C'est à Treblinka que surgirent les plus gros problèmes.

"A notre descente du train, raconta un survivant, nous avons vu un horrible spectacle : des centaines de corps gisant tout autour. Des tas de paquets, de vêtements, de valises, tout mélangé. Des soldats SS et des Ukrainiens juchés sur les toits des baraques tiraient dans la foule sans faire de distinction. Hommes, femmes et enfants tombaient en sang. L'air était saturé de hurlements et de sanglots"

A Treblinka, au plus fort de la tuerie, 10 000 personnes étaient ainsi "évacuées" chaque jour, dans des conditions inimaginables. Un record absolu qui valut pourtant au commandant du camp, le Dr Irmfried Eberl, de perdre sa place. Fin août, le capitaine SS Christian Wirth - fondateur de Belzec - fut nommé inspecteur des camps d'extermination et se rendit immédiatement à Treblinka en compagnie de son supérieur, le général SS Odilo Globocnik.

Très vite, ils reprochèrent à Eberl non pas d'avoir tué trop de Juifs - ni même battu tous les records dans cette discipline - mais de l'avoir fait de manière désordonnée et "incorrecte", en particulier de ne pas s'être préoccupé des biens et effets personnels des Juifs assassinés, qui avaient été laissés à l'abandon, et à la merci des éléments et des gardiens ukrainiens

"Au cours de cette conversation, raconta un témoin, Globocnik a dit que si le Dr Eberl n'était pas son compatriote, il l'arrêterait et le ferait comparaître devant une cour de la SS et de la police. Eberl fut limogé, et les convois à destination de Treblinka temporairement suspendus. Un nouveau commandant, Franz Stangl, qui avait précédemment travaillé avec Wirth et se trouvait alors à Sobibor, fut chargé de remettre de l'ordre".

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