... à mi-1939, lassée des exclusions, privations et brimades qui n'avaient cessé de se multiplier depuis six ans, près la moitié des quelques 600 000 Juifs et Mischlinge allemands avait quitté le pays.La SS, qui avait joué un grand rôle dans ces actions, avait donc toutes les raisons de s'estimer satisfaite : encore quelques années à ce régime, et l'utopie d'une Allemagne véritablement judenrein - débarrassée des Juifs - deviendrait réalité.
Le problème, c'est qu'Hitler avait entretemps décidé d'entamer sa conquête du lebensraum à l'Est en s'emparant de la Pologne, dont il abandonnerait - provisoirement - une partie à son improbable allié russe au terme du "protocole secret" contenu dans le Pacte germano-soviétique du 23 août 1939.
Or la Pologne hébergeait alors plus de 3 millions de Juifs, soit environ 10 % de la population totale. Même en tenant compte de ceux qui se retrouveraient du côté russe après le partage du pays, le Reich mettrait donc la main - au bas mot - sur plus de deux millions de Juifs.
Pour les Nazis, cette perspective apparaissait d'autant plus cauchemardesque qu'ils ne pouvaient cette fois plus miser sur l'émigration : jamais des pays comme la France, la Belgique, la Hollande, ou les États-Unis, qui avaient déjà renâclé pour accueillir 300 000 Juifs, jamais ces pays n'accepteraient d'en accueillir deux millions de plus.
Et si le Führer, comme il le préconisait depuis Mein Kampf, décidait finalement d'envahir l'Union soviétique, le Reich se retrouverait avec 5 millions de Juifs de plus.
Que faire d'une pareille multitude ?
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