
A la nuit tombée, répondant à l'appel de Goebbels, des manifestations "spontanées" s'organisèrent dans les grandes villes allemandes. Sous les coups des émeutiers, majoritairement membres de la SA, les vitrines des magasins tenus par des Juifs explosèrent, près de 200 synagogues furent incendiées, 7 500 magasins ou établissements supposément juifs pillés et saccagés, et une centaine de Juifs assassinés sur place.
La SS, qui n'avait pas été prévenue par Goebbels, ne réagit que tardivement, mais réussit du moins à empêcher un pillage généralisé, à arrêter quelques émeutiers et, surtout,… une trentaine de milliers de Juifs.
Au lendemain de cette "Nuit de Cristal", l'Allemagne se réveilla avec une sérieuse gueule de bois. Dans les pays étrangers, la Presse dénonçait ce pogrom digne d'un autre âge. La bourgeoisie allemande était atterrée par ce déchaînement de violence, de même que la plus grande partie des responsables nazis.
Schacht, Président de la Reichsbank, s'inquiétait des répercussions de cet événement sur l'Économie allemands, et particulièrement sur les exportations, qui ne manqueraient pas d'être victimes de campagnes de boycott à l'étranger. Funk, Ministre de l'Économie, n'avait pas de mots assez durs envers Goebbels : "Êtes-vous fou, Goebbels ? Faire de pareilles cochonneries. (…) Nous sommes en train de perdre tout notre prestige à l'étranger. Moi, je travaille jour et nuit pour préserver la richesse du pays, et vous, même si vous ne vous en rendez pas compte, vous êtes en train de la jeter par la fenêtre" (1)
"J'aurais préféré, ajouta Goering à l'adresse des émeutiers, que ayez tué 200 Juifs plutôt que de détruire tant de biens !". Même le KPD communiste, depuis longtemps interdit, était bien de son avis, soulignant, dans un pamphlet clandestin, que "les ouvriers calculent le nombre d'heures supplémentaires qu'il leur faudra accomplir pour réparer les dégâts faits au Bien national de l'Allemagne. Les épouses des travailleurs voient avec beaucoup d'amertume tout ce gâchis".
(1) Hilberg, page 82
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