
Plus surprenant encore : bien que largement répandu, l'antisémitisme s'avérait bien moins virulent dans les grandes villes, où résidaient la quasi-totalité des Juifs allemands que dans les campagnes, où l'on n'en trouvait pour ainsi dire aucun.
Sachant cela, le lecteur d'aujourd'hui peine à comprendre comment, en plein cœur de l'Europe occidentale, au beau milieu du 20ème siècle, une population civilisée et de haute culture a pu se sentir à ce point menacée dans son existence et sa descendance pour qu'elle en vienne à cautionner, et même à réclamer, l'exclusion, l'expulsion, et finalement la mort d'une minorité aussi insignifiante.
A l'exception des plus vieux ou des plus bigots, qui continuaient à les considérer comme créatures du Malin, les citoyens allemands, dans leur majorité, adhéraient aux arguments martelés depuis des décennies par les pamphlets racistes, puis la Propagande officielle du régime : depuis toujours, les Juifs étaient, dans leur ensemble, des individus malfaisants, qui n'avaient jamais effectué un "vrai travail" mais qui, par l'usure et la spéculation, s'enrichissaient au contraire de celui des Allemands, dès lors indûment privés des fruits de leur honnête labeur.
Ils monopolisaient de plus des secteurs essentiels comme la Banque et les médias, spéculaient contre le Mark, étaient responsables de la crise économique, du chômage et de la vie chère et, en compagnie de leurs cousins bolcheviques – les deux termes étant d'ailleurs fréquemment associés sous l'étiquette de "judeo-bolcheviques" – étaient à l'origine du "coup de poignard dans le dos" qui avait conduit l'Allemagne à l'armistice de 1918, puis à "l'humiliation" du Traité de Versailles de 1919...
Aucun commentaire:
Publier un commentaire