... il était peut-être inévitable, finalement, que le petit et myope Heinrich Himmler, complexé par son physique ingrat, ses carences sportives, son peu d'assurance envers les femmes, et son consternant manque de charisme, il était peut-être inévitable qu'il ait immédiatement succombé au charme de Reynhard Heydrich lorsqu'il le rencontra en mai 1931.Physiquement et intellectuellement, Heydrich est l'antithèse d'Himmler. Grand, blond, athlétique, séduisant, champion d'escrime et violoniste émérite, Heydrich est l'idéal aryen personnifié. C'est aussi un trompe-la-mort, qui considère que la vie ne vaut que si on la risque.
Même lorsque ses activités l'auront propulsé tout en haut de la liste des Nazis à abattre, Heydrich continuera à se rendre seul à l'Opéra, et à voyager sans escorte dans une voiture découverte. Il prendra des leçons de pilotage, et n'aimera rien tant que de piloter lui-même le petit bimoteur Siebel 104 mis à sa disposition.
Plus tard, Heydrich, de sa propre initiative, passera avec succès son brevet de pilote de chasse. Himmler, qui ne veut pas perdre pareil adjoint, lui interdira alors de voler, mais Heydrich n'en aura cure : à chaque fois qu'il le pourra, il troquera sa tenue de SS pour celle de pilote de chasse, combattra au dessus de la Norvège et de la Belgique et, à l'été 1941, c'est toujours aux commandes d'un Messerschmitt 109 qu'il se fera descendre au dessus de l'Union Soviétique, s'attirant les foudres d'Hitler, qui lui interdira à son tour de voler...
Quel contraste avec Himmler, son supérieur direct, qui ne se déplace jamais sans son escorte de SS armés jusqu'aux dents, qui voyage de préférence dans son luxueux train privé - le Steiermark - et qui a fait installer un siège blindé, construit à ses mesures, à l'intérieur du gros quadrimoteur Focke-Wulf "Condor" mis à sa disposition...
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