... la Luftwaffe terrassée, ses vainqueurs s'en attribuèrent tout naturellement les dépouilles.Dans toute l'Allemagne, des centaines de fusées V1 et V2, mais aussi l'inventaire complet des avions de la Luftwaffe, furent retrouvés dans des mines, des tunnels, des usines souterraines ou des forêts, et exportés en grand nombre aux États-Unis, en Grande-Bretagne, en France ou en Union Soviétique.
Pour autant, la valeur réelle de l'héritage allemand fut, et reste encore, très largement surévaluée.
Indiscutable dans le domaine des fusées (en dehors des systèmes de guidage), il s'avéra peu de choses dans celui des avions. Les Britanniques produisant déjà d'excellents moteurs à réaction, par ailleurs copiés par leurs cousins américains, l'apport allemand fut négligeable.
En ce qui concerne les cellules, si le Messerschmitt 262 avait enflammé les imaginations, aucun des pays qui en héritèrent ne cherchèrent - et le fait est significatif - à le copier en l'état. A l'exception de l'aile en flèche (qui fut notamment adoptée par North American pour son célèbre chasseur "Sabre", puis par tous les avionneurs du monde), le 262, avec ses réacteurs installés en gondole sous les ailes, était nettement moins moderne que les prototypes du monoréacteur Lockheed P-80 "Shooting Star" qui avaient effectué leurs premiers vols avant la capitulation allemande et préfiguraient ce que seraient tous les chasseurs des années suivantes.
Fascinants sur le papier, les chasseurs à moteur-fusée comme le Messerschmitt 163 étaient bien trop limités et trop dangereux dans leur emploi pour mériter autre chose qu'une vague curiosité, vite éteinte.
Véritables fantasmes aériens, les ailes volantes allemandes existaient déjà à la même époque outre-Atlantique. Mais, considérant les déconvenues que connut Northrop avec cette formule, leur mise en service chez les Allemands, si elle avait pu se produire, aurait assurément déçu leurs supporters. Et de fait, il fallut attendre les années 1980, et la miniaturisation électronique, pour que l'on soit en mesure de les guérir de leur instabilité fondamentale.
L'apport allemand dans le domaine des avions conventionnels fut encore plus négligeable. Bien qu'aussi performant que les premiers chasseurs à réaction, un bimoteur push-pull comme le Dornier 335 était clairement condamné à terme par les progrès en matière de réaction.
La fin de la Luftwaffe fut aussi le chant du cygne des derniers avions à moteur à pistons...
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