vendredi 28 septembre 2007

1664 - chasseur du peuple

... comme la Volkswagen de Ferdinand Porsche, le "Volksjager" d'Ernst Heinkel devait être simple - pour ne pas dire simpliste - et le plus économique possible.

Sa construction devait utiliser un maximum de matériaux non stratégiques (comme le bois) et être à la portée d'ouvriers peu qualifiés, voire d'une main d'oeuvre concentrationnaire. Et il devait être à ce point facile à piloter qu'on pourrait le confier... aux adolescents des jeunesses hitlériennes (!)

En vain les responsables de la Luftwaffe supplièrent-ils le Führer de renoncer à un projet qui non seulement condamnerait une multitude d'adolescents inexpérimentés à une mort certaine, mais qui, de surcroît, drainerait de précieuses ressources qui auraient dû être affectées en priorité au biréacteur Messerschmitt 262.

Mais, comme à son habitude, Hitler se montra inflexible. Le 8 septembre 1944, le cahier des charges fut envoyé aux avionneurs allemands. Le 15, deux projets avaient été retenus. Le 24, le contrat fut accordé à la société Heinkel. Le développement débuta le 30 septembre, et le premier prototype prit l'air le 6 décembre 1944, soit trois mois après l'envoi du cahier des charges (!)

Une performance incroyable et à ce point inimaginable qu'elle n'avait évidemment pu être réalisée qu'au mépris total de la survivabilité de l'avion et du pilote, l'un et l'autre étant quasiment considérés comme "consommables".

De fait, le produit final - le Heinkel 162 se désintégra en vol lors de sa première présentation officielle, le 10 décembre suivant, tuant son pilote.

Mais il en fallait bien plus pour arrêter un avion que l'on prévoyait de construire à 1 000 exemplaires jusqu'en avril, puis à raison de 2 000... par mois dès mai 1945 (!) De fait, à la capitulation de l'Allemagne, les Alliés découvrirent des centaines de Heinkel 162 à divers stades de construction, abandonnés dans les forêts, les mines ou les tunnels ferroviaires.

Quant aux rares exemplaires qui parvinrent au Front, la pénurie d'essence ne leur permit guère de voler beaucoup, pour le plus grand bien de leurs pilotes...

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