dimanche 9 septembre 2007

1645 - de la colère à l'apathie

... dans les années 1920, Douhet avait prophétisé un nouveau genre de guerre, dans laquelle de grands "croiseurs aériens" - les bombardiers - en attaquant les industries et les villes de l'adversaire, détruiraient non seulement sa capacité mais aussi sa volonté de combattre, et pousseraient la population civile à demander, et à obtenir la Paix.

Au début de la campagne de bombardements, le premier sentiment du civil allemand, en découvrant les ruines de sa ville et de sa maison, fut assurément l'incrédulité. Si personne n'arrivait à comprendre comment "une telle chose avait pu arriver", ce premier sentiment céda bientôt la place à une immense colère, et à l'exigence de représailles aussi immédiates que destructrices.

Le régime nazi exploita naturellement ce sentiment pour renforcer temporairement l'unité nationale et l'ardeur guerrière. Mais parce qu'il ne fut jamais en mesure de concrétiser ses promesses de représailles, c-à-d de "rendre les coups au centuple", il se décrédibilisa et, lentement mais sûrement, se vit priver du soutien d'une population de plus en plus démoralisée.

Bien loin de galvaniser les troupes, et de les inciter à "lutter jusqu'au bout", le "tourisme des cendres" organisé par le Ministre de la Propagande Joseph Goebbels après le bombardement de Dresde acheva au contraire de les démoraliser : ayant vu ce qui arrivaient à leurs villes, et constaté l'impossibilité de rendre la pareille à l'ennemi, les "soldats-touristes" perdirent tout bonnement l'envie de continuer à se battre.

L'erreur de Douhet, l'erreur des Alliés, fut de croire que cette démoralisation inciterait les civils ou l'armée à se révolter contre Hitler. Dans un État en guerre totale, et dans un État aussi totalitaire que l'Allemagne nazie, une révolte massive était tout simplement impossible et, de fait, elle n'eut jamais lieu.

Au lieu de se rebeller, comme l'y incitaient pourtant les tracts que les quadrimoteurs lançaient sur les villes en même temps que les bombes, la population allemande se réfugia dans sa "sphère privée", et sombra tout simplement dans l'apathie et l'attente de la Fin...

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