samedi 8 septembre 2007

1644 - moral bombing

... soixante ans plus tard, dénoncer les bombardements alliés sur l'Allemagne est devenu une routine, presque une religion.

A l'appui de leurs dires, les détracteurs font remarquer qu'à aucun moment, ces bombardements, qui tuèrent des centaines de milliers de personnes et détruisirent un nombre effrayant de maisons, de bâtiments ou d'oeuvres d'Art, qu'à aucun moment ces bombardements n'interrompirent la production de guerre, ni ne poussèrent la population allemande à se révolter.

Néanmoins, si les chiffres bruts de la production d'armement continuèrent à progresser malgré les bombes, la qualité de cette production, et sa disponibilité auprès de ceux qui en avaient besoin sur le Front, ne cessèrent de décroître, et on ne saurait prétendre qu'elle n'aurait pas été encore supérieure, de meilleure qualité, et plus disponible, sans les bombardements.

On ne saurait non plus nier les effets du "moral bombing" sur la population civile allemande.

Comme le souligne Kershaw, "les interviews réalisés après guerre dans le cadre de l'United States Strategic Bombing Survey ont confirmé cette impression : un Allemand sur trois a répondu que les bombardements avaient influé sur son moral plus que tout autre facteur; neuf sur dix ont dit que les raids aériens avaient été ce qu'ils avaient eu à subir de plus dur pendant la guerre; trois sur cinq ont reconnu qu'ils s'étaient lassés de la guerre à cause des bombardements, et le pourcentage de la population qui ne voulait pas poursuivre la guerre était nettement plus élevé dans les villes massivement bombardées que dans celles qui ne l'avaient pas été du tout

(...) Conclusion générale : les bombardements n'ont pas renforcé le moral mais l'ont sérieusement fragilisé. Le fatalisme, l'apathie, le défaitisme et d'autres effets psychologiques ont été beaucoup plus forts dans les populations bombardées que dans les autres" (1)

(1) Kershaw, Le Mythe Hitler, pages 252-253

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