mercredi 29 août 2007

1634 - à situation désespérée...

... pour sortir de l'infernale spirale qui la menait à la disparition par attrition, et pour se donner une chance de mettre en service le Messerschmitt 262 que les ingénieurs s'efforçaient de mettre au point, la Luftwaffe devait frapper un "grand coup", en liquidant en une seule opération massive quatre à cinq cents bombardiers américains au dessus de l'Allemagne.

Pour y arriver, la Luftflotte Reich avait besoin de regrouper et d'entraîner en Allemagne un minimum de 2 000 chasseurs. L'entreprise paraissait surhumaine : si l'industrie allemande était encore en mesure de fabriquer les avions nécessaires, trouver les pilotes - et les pilotes suffisamment qualifiés - pour les mener au combat constituait une toute autre affaire.

Comme le résuma Goering le 23 mai 1944, "Je dois disposer de 2 000 chasseurs dans les délais les plus brefs, même si le Front n'en aura aucun (...) Je dois être en position de m'opposer à toute incursion sur le Reich avec 2 000 chasseurs (...) Si l'ennemi envisage un débarquement, nous l'amènerons à se demander ce qu'il lui arrivera quand il se retrouvera soudainement face à un millier de chasseurs dans les 15 jours suivants alors qu'il pensera en avoir fini avec notre aviation" (1)

Les escadrilles qui combattaient des côtes atlantiques à l'Ukraine, et de la Scandinavie jusqu'à l'Italie, ne seraient donc pas seulement privées d'avions et de pilotes de renfort : elles devraient céder une partie de leurs effectifs, ce qui les rendrait incapables de mener la moindre action pendant plusieurs semaines, durant lesquelles les Alliés ocidentaux aussi bien que soviétiques ne resteraient évidemment pas inactifs (!)

De toute manière, deux semaines plus tard, le Débarquement de Normandie ruina ce projet irréaliste, et contraignit la Luftwaffe à sacrifier des centaines d'avions supplémentaires dans de vaines tentatives pour le repousser.

L'idée du "grand coup" n'était cependant pas morte, et renaîtrait de ces cendres quelques mois plus tard...

(1) Fana de l'Aviation, HS 28, page 7

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