vendredi 30 mars 2007

1482 - "Je voulais par mon geste empêcher un plus grand bain de sang"

... c'est à Nuremberg, où son train s'était arrêté, qu'Hitler apprit la nouvelle de l'attentat à la Bürgerbraukeller, qui avait fait huit morts et soixante-trois blessés, moins de dix minutes après son départ.

Dans un premier temps, le Führer refusa d'y croire. Quand il fallut néanmoins se rendre à l'évidence, une version officielle fut rapidement mise au point, attribuant l'attentat aux services secrets britanniques.

Même les aveux circonstanciés d'Elser, qui s'était fait arrêter près de Constance, lors d'un banal contrôle de routine, alors qu'il tentait de passer en Suisse, n'y changèrent rien : ni les responsables de la SS ni ceux de la Gestapo, ni la majorité de l'opinion publique allemande, n'étaient disposés à admettre qu'un homme isolé (1), par ailleurs simple prolétaire on ne peut plus ordinaire, était parvenu à se jouer de l'État le plus policier d'Europe, et à commettre à lui seul un attentat qui aurait pu changer sinon la face du monde, du moins l'issue de la guerre.

Et puisque personne n'était disposé à l'admettre, Elser lui-même fut emprisonné et tenu au secret, d'abord à Saschenhausen, puis au camp de concentration de Dachau. Sans doute désireux de lui offrir un grand procès-spectacle après la "victoire finale", Hitler s'abstint en tout cas de réclamer sa tête, ce qui permit à l'intéressé de couler des jours relativement paisibles en détention.

Mais en avril 1945, alors que les soldats américains s'approchaient de Dachau, il n'était plus question de "victoire finale". Elser fut alors sorti de sa cellule, et abattu.

Sur une plaque commémorative installée dans sa ville natale de Königsbronn, on peut lire l'inscription "Je voulais par mon geste empêcher un plus grand bain de sang".

Il n'en avait finalement tenu qu'à dix minutes…

(1) Vingt-cinq ans plus tard, à Dallas, on verrait également des millions de personnes refuser la thèse d'un assassin isolé, pour y voir la main des Russes, de Castro, de la CIA ou d'un lobby aussi mystérieux que tout-puissant

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