mercredi 18 octobre 2006

1319 - "l'état moral et politique des Roumains est pitoyable"

... bien que sa tâche principale consista à maintenir la fièvre patriotique au sein de l'Armée rouge, en arrêtant et exécutant les déserteurs et autres "paniquards", le NKVD s'occupait également d'interroger les prisonniers de guerre ennemis.

"Mais durant l'été 1942, ses membres avaient peu de travail compte tenu du très faible nombre d'Allemands alors faits prisonniers (...) "La plupart des soldats [écrivit le Lieutenant Lepinskaïa dans son rapport] veulent se battre jusqu'au bout. Pas de cas de désertion ou d'automutilation volontaire. Officiers stricts mais justes"

Elle eut plus de chance avec les prisonniers roumains. Un officier avoua que ses hommes détestaient le maréchal Antonescu (1) parce qu'il avait "vendu leur patrie à l'Allemagne". Des simples soldats étaient encore plus prolixes. Ils parlèrent à l'interrogatrice soviétique de "rixes avec les Allemands", affirmant même qu'un officier allemand avait été tué après avoir abattu deux de leurs camarades. Ils déclaraient aussi que leurs officiers les maltraitaient. Il y avait eu de nombreux cas d'automutilation malgré les objurgations des officiers affirmant qu'il s'agissait d'un "péché contre Dieu et la Patrie".

Le Lieutenant Lepinskaïa concluait que "l'état moral et politique" des Roumains était pitoyable. Son rapport fut transmis en toute hâte à Moscou" (2)

Grâce à ces révélations, souvent obtenues sous la torture, l'État-major soviétique n'ignorait rien du sous-équipement et de la démotivation chroniques des armées alliées de l'Allemagne.

Il saurait s'en souvenir le moment venu...

(1) chef de l'État-major général roumain puis Ministre de la Guerre, Ion Victor Antonescu fut chef de l'État roumain de 1940 à 1944. Il fut exécuté en juin 1946
(2) Beevor, page 129

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