mercredi 11 octobre 2006

1312 - mon honneur s'appelle fidélité

... depuis 1934, le traditionnel serment d'allégeance de l'Armée à l'État avait été remplacé par un serment de fidélité à la personne-même du Führer.

Pour le soldat allemand, et a fortiori pour l'officier supérieur, héritier d'une longue tradition d'obéissance aux ordres et heureux bénéficiaire de primes substantielles destinées à garantir sa loyauté, toute idée de sédition était quasiment exclue.

De fait, consciemment ou non, chacun avait plus ou moins fait sien la devise de la SS - "mon honneur s'appelle fidélité" - et considérait avec horreur toute idée de renverser un gouvernement - celui de Hitler - perçu comme le seul légitime même s'il conduisait petit à petit le pays à sa ruine.

Même après Stalingrad, on ne trouva aucun officier de haut rang véritablement désireux de s'engager personnellement dans un complot destiné à renverser ou à éliminer le Führer. Et ceux-ci, ainsi que la majorité du peuple allemand, accueillirent avec indignation l'annonce de l'attentat raté du 20 juillet 1944, mené par le colonel Stauffenberg.

Jusqu'à la fin, jusqu'à l'effondrement de l'Allemagne, les conjurés restèrent donc, au mieux, des colonels ou des généraux de second rang qui, et c'était bien là leur drame, étaient quasiment inconnus du grand public, et manquaient donc totalement de légitimité.

Dans l'Allemagne nazie, il n'existait en vérité que deux feld-maréchaux suffisamment populaires que pour être éventuellement capables de remplacer Hitler et de rallier sous leur bannière les forces armées ainsi que l'opinion publique allemandes. Tous les deux furent, à diverses reprises, approchés par la conjuration.

Le premier d'entre eux, Erich von Manstein, en rejeta l'idée pour des raisons personnelles - mais n'anticipons pas. Le second, Erwin Rommel, se réfugia dans une prudente sympathie envers les conjurés. Une sympathie qui lui valut de devoir se suicider "sur ordres" après l'attentat raté du 20 juillet 1944.

Faute de véritable chef à leur tête, et il faut bien le dire aussi grâce à la chance insolente dont bénéficia Hitler tout au long de son règne, les conjurés ne parvinrent jamais à mettre le régime en péril.

Et l'Allemagne s'écroula avec lui...

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Si la plupart des officiers ont hésité ou refusé de comploter contre Hitler, c'est surtout parce qu'il était impossible d'envisager une paix séparée avec les Anglais et les Américains, suite aux déclarations "communes" de Roosevelt et Churchill à Casablanca...