lundi 18 septembre 2006

1289 - un Elefant, ça trompe énormément

... au début de son règne, Adolf Hitler avait financé les Auto-Union de compétition de Ferdinand Porsche, qui triomphèrent sur tous les circuits d'Europe. En 1934, le dictateur, qui lui-même ne roulait qu'en Mercedes, avait demandé à ce même Ferdinand Porsche de concevoir une "voiture du peuple" - la future coccinelle - qui, afin d'être vendue à chaque Allemand pour moins de 1 000 Reichsmarks, devait nécessairement être légère, simple à construire, et économe en carburant, avec 7 litres au 100 kilomètres.

Le déclenchement de la guerre, en septembre 1939, mit hélas un terme à ce projet, qui ne fut repris qu'une dizaine d'année plus tard. Le Reich millénaire avait maintenant d'autres besoins, et en particulier celui de construire des tanks. En 1941, Ferdinand Porsche se retrouva donc à concevoir des tanks pour l'usine de blindés Nibelungenwerk Steyr-Daimler-Puch, et l'on aurait pu s'attendre à ce qu'il y invente non seulement les meilleurs blindés du monde, mais aussi les plus simples à produire, et les plus économiques à l'usage.

Ce fut tout le contraire : au fil des années, Ferdinand Porsche ne cessa de réaliser des tanks de plus en plus lourds, de plus en plus complexes, et si peu capables d'affronter la réalité des combats que ses commanditaires durent souvent en confier la réalisation à d'autres, ou en reprendre carrément l'étude.

Ainsi, lorsqu'il fallut doter la Wehrmacht d'un nouveau char lourd muni d'un canon de 88mm - le futur Tiger I - on se tourna tout naturellement vers Porsche... avant de réaliser que le prototype proposé par Henschel était beaucoup plus facile à construire, et beaucoup plus simple mécaniquement.

Convaincu d'emporter le marché, Porsche avait déjà lancé la fabrication d'une centaine de châssis qui, du coup, se retrouvèrent sans emploi. Plutôt que de les envoyer à la ferraille, Porsche se vit offrir la possibilité de les réutiliser en transformant en chasseur de char "sans tourelle" son projet avorté de char lourd. Désormais muni d'une casemate fixe implantée à l'arrière du véhicule, et ironiquement baptisé "Elefant" par ses équipages, le nouveau blindé de 70 tonnes fut lancé dans la bataille à Koursk.

Bien que raisonnablement efficace contre les blindés russes, l'Elefant conservait - en les amplifiant - les handicaps traditionnels des engins du même type, soit une trop grande vulnérabilité sur les côtés et vers l'arrière, et l'absence de tout moyen de défense en cas de retraite précipitée. Sa silhouette beaucoup trop haute, et sa trop grande complexité mécanique (avec une transmission électrique) le condamnaient de toute manière à un rôle purement symbolique sur le Front de l'Est...

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