vendredi 17 février 2006

1076 - les limites de l'accusation

... à l'évidence, les deux premiers chefs d'accusation - soit le "complot" et les "crimes contre la Paix" - auxquels les Américains tenaient tant, allaient s'avérer particulièrement difficiles à établir, et allaient aussi contraindre leurs partisans à de considérables écarts dialectiques.

Si l'on pouvait, à la limite, voir en Hermann Goering un de ces "grands comploteurs" désireux , dès 1933, de se lancer à la conquête du Monde au mépris de tous les traités internationaux, il était manifestement grotesque de considérer comme complice de ce même complot un Julius Streicher qui n'était en vérité qu'un vulgaire propagandiste certes haineux mais privé de tout pouvoir ou fonction officielle dès 1940.

Déjà trop vague dans sa formulation, l'accusation de "crimes contre la Paix" allait de surcroît exploser au visage de ses partisans quelques mois plus tard, et l'on comprendrait alors - mais n'anticipons pas - pour quelle étrange raison les Soviétiques s'y étaient tellement opposés à l'été 1945, au moment de la rédaction des actes d'accusation.

Rétrospectivement, il aurait d'ailleurs mieux valu se limiter aux deux derniers chefs d'accusation - soit les "crimes de guerre" et les "crimes contre l'Humanité" - et définir plus en détails en quoi ces derniers étaient véritablement spécifiques au régime nazi.

Car si le monde entier a depuis longtemps oublié le "complot" et les "crimes contre la Paix", il continue - à tort - de voir en Nuremberg le premier - sinon le seul - procès international spécifiquement consacré aux crimes de guerre et aux "crimes contre l'Humanité", en particulier à l'endroit des Juifs,... alors que les dits crimes n'occupèrent en vérité qu'une fort petite part des débats, et sans que personne ne se présente à la barre pour affirmer qu'il avait été envoyé dans un camp simplement parce que Juif...

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