mardi 7 février 2006

1066 - une fort longue gestation

... dès 1942, les puissances alliées avaient eu l'idée de "punir" l'Allemagne pour les multiples "crimes de guerre" dont elle s'était rendue, et se rendait encore, quotidiennement coupable dans les territoires occupés.

A la Chambre des Communes, le 17 décembre 1942, Anthony Eden, secrétaire d'État au Foreign Office, déclara ainsi que, sur base des renseignements reçus, "l'attention des gouvernements [la plupart en exil] de Belgique, de Grande-Bretagne, des Pays-Bas, de Grèce, du Luzembourg, de Norvège, de Pologne, des États-Unis d'Amérique, de l'Union des Républiques Socialistes Soviétiques, de Tchécoslovaquie, de Yougoslavie et celle du Comité français de la libération nationale" (sic) avait été attirée sur le fait que l'administration allemande, loin de se contenter de "retirer aux personnes d'origine israélite les droits de l'Homme les plus élémentaires", se préparait de surcroît "à mettre à exécution le dessein plusieurs fois exprimé par Hitler d'exterminer le peuple juif en Europe"

Dans cette déclaration, simultanément publiée à Londres, Moscou et Washington, Eden ajoutait que "les gouvernements sus-mentionnés (...) condamnent avec la plus extrême rigueur cette politique d'extermination" (....) Ils réaffirment solennellement leur volonté de châtier les coupables à la mesure de leurs forfaits, et d'accélérer les mesures nécessaires pour parvenir à ce but"

Il faudra pourtant attendre octobre 1943 avant qu'une fort vague "Commission des crimes de guerre des Nations-Unies" soit mise sur pied. Encore cette commission ne dispose-t-elle que de fort peu de moyens humains et matériels, tout en se trouvant - et pour cause - dans l'impossibilité de mener ses propres enquêtes dans les territoires occupés qui relèvent en principe de sa juridiction.

En mars 1944, son Président, le Britannique Sir Cecil Hurst, est même forcé de constater "qu'à peine une douzaine de cas [examinés par la Commission] peuvent être regardés raisonnablement comme des atrocités" (1). En particulier, la Commission n'a encore reçu aucune preuve attestant des massacres de Juifs en Pologne, alors qu'à cette date, la quasi-totalité des Juifs polonais a déjà cessé d'exister...

(1) Annette Wieviorka, Le Procès de Nuremberg, pp 13-14

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